Once upon a time || Shin'

La thérapie, quelle belle façon de gâcher, en moyenne, deux heures de votre vie par semaine. Oh et cela, c’était uniquement quand vous n’aviez pas de problème, parce que si les thérapeutes décidaient que vous deviez vous confier sur votre enfance douloureuse, sur vos blessures passées, là, ça prenait des heures et au bout du compte, ils n’arrivaient jamais à expliquer pourquoi vous vous sentiez si mal… Enfin, peut-être que pour certain ça marchait mais pour la demoiselle qu’était Kaede Mizuno, c’était une peine perdue. Il y avait déjà un mois qu’elle était dans ce centre dément, un moins qu’elle tournait en rond et perdait son temps sans arriver à rien changer de son piètre état. Alors à quoi bon aller s’assoir pendant deux heures dans une pièce sombre, s’assoir dans un coin il va sans dire : elle avait remarqué qu’il valait mieux rester loin des charognes qu’étaient les psychologues, si c’était pour ne pas avoir aucune amélioration en bout de ligne. Et bien, demandez le lui parce que pour l’instant, elle n’en avait aucune idée. D’ailleurs, c’était un lundi comme les autres, elle était debout depuis l’aube, elle se sentait mal depuis qu’elle avait ouvert les yeux et elle devait encore aller fixer un inconnu qui prétendait vouloir son bien…Hors de question. Kaede n’était ni en état moral ni en état sentimental pour endurer une telle torture ce matin-là. Hélas, il le fallait… sinon elle aurait des problèmes avec l’autorité. Ah et puis tempi, elle prenait le risque, ça ne serait pas le première fois qu’on lui ferait un sermon sur l’utilité de la démarche thérapeutique… Sortant de sa chambre, la très jolie demoiselle s’empressa de filer à travers les couloirs à toute vitesse. Elle n’accordait aucune attention particulière à son apparence physique : elle était magnifique sans maquillage ni artifice de toute manière… Et ce jour là, tout ce qu’elle portait c’était un Short très court : son bas de pyjama, et une camisole, pas de quoi déambuler dans les rues..Qu’importe.

Quitter les dortoirs lui avait semblé une tâche impossible, une tâche ardue mais elle avait finalement réussi. Elle avait également évité les surveillants, s’ils la prenaient à fuir la thérapie, c’était la catastrophe… Au détour d’un couloir par contre, elle remarqua que l’un d’eux la suivait. Ah non, pas si près du but! C’était hors de question qu’elle abdique!! Accélérant son pas, elle fini par dénicher une pièce dont elle ignorait jusque là l’existence, prise de panique, elle poussa la porte et la referma derrière elle, se positionnant contre le dossier de la porte, le temps d’écouter les pas s’éloigner. C’était une pièce assez grande, dans l’ensemble, et elle était aménagée pour servir de bureau. À qui, elle l’ignorait…si seulement elle avait su qu’elle venait de mettre les pieds en enfer, enfin. Il n’y avait personne et c’était calme, c’était tout ce qu’elle demandait. Un soupire de satisfaction franchit ses lèvres pâles alors qu’elle allait s’assoir dans un coin, loin de la porte. Elle se sentait tellement mal, tellement seule, et c’était la première fois depuis son arrivée ici qu’elle était réellement laissée à elle-même. Enfin… Kaede était une personne très fière, trop fière, tellement qu’elle ravalait souvent, tout le temps, ses larmes et affichait une mine assurée et hautaine, une mine qui n’avait rien d’humain. Et pourtant là, elle avait très envie de pleurer, les larmes roulaient sur ses joues et elle ne cherchait pas à les retenir, ça valait mieux que toutes les thérapies auxquelles elle aurait pu assister. Si vraiment un psychologue savait ce qu’il lui fallait, il lui recommanderait de pleurer, parce que ça la libérait d’un poids énorme : la culpabilité. Quelque instant plus tard, ses larmes avaient fini de couler, enfin. Elle remarqua alors la fenêtre. Curieuse et à la fois intriguée, elle s’en approcha : on était au troisième étage et dehors, il n’y avait personne. Hmm…

Décidée à faire d’elle un singe, ou une folle, c’était selon, la jolie niponne grimpa sur le bureau afin d’atteindre le haut de la fenêtre, de quoi l’ouvrir. Elle n’était pas si petite, elle était même plutôt grande avec ses jambes interminables et son corps allongé, mais il fut néanmoins nécessaire pour elle se mettre en position précaire, sur la pointe des pieds et sur un bureau qui semblait être tout sauf solide. Mais bon, quand cette casse pied avait une idée en tête, pas moyen de la faire arrêter. Ah bonheur, ses doigts réussirent finalement à ouvrir cette fichue fenêtre et le vent frais souleva sa tignasse sombre. Un soupire de plaisir franchir ses lèvres alors qu’elle restait là, debout du la table…super, elle devait avoir l’air brillante. Elle se pencha vers le meuble sur lequel elle était grimpée pour observer les papiers qui y était déposé. Des dossiers et une liste de nom…ainsi qu’une lettre de bienvenue adressée à un certain nouveau surveillant. Zut ! Merde! La boule au fond de sa gorge se fit plus présente, paniquée et nerveuse, elle descendit de son perchoir avec l’idée de s’enfuir le plus rapidement possible, elle n’avait pas du venir ici. Tempi pour la fenêtre, tanpis pour le bureau et tanpis pour la thérapie même, elle allait avoir de très gros ennuis si on la trouvait dans les bureaux d’un surveillant… Déglutissant péniblement, elle fonça vers la porte qu’elle ouvrit toute grande… pour se retrouver nez à nez, à quelque centimètre tout au plus, d’un homme à la carrure imposante.

On fait quoi quand ça vous arrive? Bon, on commence par figer, oui totalement, elle était aussi raide que…non vous ne voulez pas savoir. Elle pâlit également, devenant aussi pâle qu’un cadavre…Quand même, quelle explication allait-elle donné pour se retrouver en pyjama dans un bureau ?! Zut, elle ne dit rien… Elle aurait pu le frapper, avant, elle n’aurait même pas hésité…mais alors pourquoi se retenir. Fronçant les sourcils, la demoiselle opta pour une autre optique. Elle n’était pas très familière avec la chose mais, dans son groupe de voyou, il y avait une peste spécialiste dans la séduction…et oui, parait-il que lorsqu’on détourne l’attention de quelqu’un, on arrive facilement à prendre la fuite, en plus, elle ne courrait pas très vite… Bon… Prenant son courage à deux mains, en tentant de penser très fort que c’était une question de survie, rien à voir avec Naoki, elle s’approcha de cet homme. Elle était tellement nerveuse que c’était de la légitime défense ! Sans rien dire, elle posa ses mains pâles sur son torse et tira son chandail vers le haut, comme si elle avait voulu le soulever... Waaa la belle idée, il était légèrement plus costaud qu'elle hein ... Elle fit mine de poser ses lèvres sur les siennes, en profitant pour l’attirer loin de la porte et s’y glisser. N’empêche, elle était rudement près et il pouvait sans doute entendre son cœur battre tellement il se débattait dans sa poitrine. Elle lui adressa un sourire amusé, fière de sa victoire lorsque son pied se posa hors de la pièce. Lorsqu’elle le relâcha enfin, elle était à l’extérieur… Bon, ça avait marché. Elle pivota sur elle-même et se mit à marcher, en espérant qu’il ne la rattrape pas.

Hmm...mais elle aurait pu courir non? S'enfuir à toutes jambes loin de cet endroit où elle ne devrait pas être...Et puis quoi encore, Kaede avait de l'orgueil, beaucoup trop.S'enfuit en courant était hors de question, il verrait qu'elle regrettait et c'était la chose qu'elle voulait le moins du monde. Sa carapace de cruauté de d'indifférence devait rester en place, sinon, comment jouer les dures? Personne n'avait jamais franchit le mur qu'elle opposait au monde entier et personne ne le ferait jamais. Hors de question, non, nada, pourquoi? Et bien tout simplement parce que lorsque cette coquille se mettait à craquer, elle s'éffrondrait...et personne ne devait voir la petite filel terrorisée et seule qui s'y cachait..

Nouveau…Cela semblait être écrit sur son front. Il ne pouvait faire un pas dans les couloirs de l’établissement sans que tout le monde se retourne et pose un regard sur lui. C’était stressant d’une certaine manière mais bon ils allaient bien finir par s’habituer à sa présence. Shinichi n’était pas un monstre – enfin ça dépend de quel point de vue on le prend – il allait sûrement bien s’entendre avec les jeunes du centre, il en était sûr. Dans la limite du possible, il ferait tout son possible pour être le plus doux <3 Mais il n’excluait pas des petits écarts si quelqu’un osait se mettre en travers de son chemin, lui manquer de respecter ou tout bonnement refuser d’accéder à sa requête. Shin n’était pas bien compliqué, il voulait juste avoir ce qu’il voulait sur le moment présent et après tout allait pour le mieux. Mais biensur certains sont têtus et ne peuvent pas comprendre ce genre de choses…Ah les jeunes…Il en avait croisé d’intéressants, ou plutôt intéressantes serait le plus juste…Personne ne sait réellement d’où lui vient cette délicieuse aversion, attirance pour les femmes. Il n’a pourtant subit aucuns préjudices venant d’elles…Sa mère était un véritable ange qui aimait ses enfants et ça se voyait, tandis que sa sœur était son rayon de soleil à lui…alors pourquoi il les méprisait autant et pourquoi il prenait un malin à plaisir à jouer avec pour les jeter par la suite ? Aucune ne sortait du lot, elles étaient toutes plus ennuyeuses les unes que les autres, elles ne représentaient que de simples jouets à ses yeux, un moyen comme un autre de distraction. Il allait avoir de gros problèmes s’il n’arrivait pas à se retenir, mais il allait en avoir aussi pour ne pas résister à de telles beautés de la nature. Comment faire alors pour ne pas risquer de se faire mettre à la porte ? Jouer la carte de la subtilité biensur. Et oh combien il était doué pour ça ! Oh combien de femmes avaient été surprise après avoir passer une nuit torride avec lui de se retrouver seule dans leur lit, et lui décamper depuis très longtemps et très loin d’elles. C’était con mais c’était la vie. La vie à la Shinichi. Trépidant et avide d’actions, il aimait l’adrénaline et ça se voyait, c’était un sang chaud lui et il en était la parfaite définition. Que voulez-vous, ou on l’est ou on l’est pas et lui il l’était totalement <3

Mais quand bien même il réussirait à leur résister, elles n’y arriveraient sûrement pas pendant très longtemps. C’était ainsi, son charme indéniable détenu grâce au mélange Coréen/Japonais était tout simplement irrésistible. Il ne s’en vantait pas forcément mais il connaissait son pouvoir de séduction et en jouait très souvent avec plaisir. De plus, s’entretenant régulièrement il s’était tout bonnement sculpté un corps de rêve. Que demander de plus ? Un mec endurant, canon et super bien foutu avec une gueule sans imperfection. Le paradis moi je vous dis ! et je vous parle pas des prouesses au lit *__* C’est comment dire…limite obscène ! Ah ce bon vieux Shin, toujours en train de draguer de toute façon, que voulez-vous c’est sa marque de fabrique puis c’est pour le bien de la planète ! Il ne voudrait pas être responsable d’une vague de disparition féminine sur la Terre suite à son passage…Ce serait si dommage…Autant qu’elles meurent de bonheur entre ses mains expertes ! Le contraire serait du gâchis. Mais on s’égare un peu là, si vous voulez connaître l’étendue de son effet, vous n’avez qu’à vous laissez tenter mesdemoiselles…

C’était sa chance, son poste à lui, il ne pouvait se permettre de le perdre. Sa survie et celle de sa petite sœur en dépendait, ils avaient besoin d’argent pour continuer à vivre, c’était vital et il en était parfaitement conscient. Pour Hana, Shin était prêt à déplacer des montagnes, pour elle il était prêt à tout, elle avait plus que jamais besoin de lui et il s’était fait la promesse de la protéger à la mort de leurs parents, jusqu’à la fin de sa vie, il l’accompagnerait toujours et serait à ses côtés. C’était son petit ange à lui, sa raison de vivre, son trésor, personne n’avait le droit à y toucher sous peine de s’attirer de très très gros ennui, si quelqu’un essayait de lui faire du mal, Shin ne lui pardonnerait jamais et lui ferait payer très cher. D’ailleurs, extrêmement protecteur envers elle, il ne laisse pas grand monde l’approcher. Alors oui, il ferait tout son possible pour garder ce boulot et ne pas se laisser déborder par ses pulsions sexuelles…Bien qu’on ne puisse pas aller à l’encontre de ses hormones, c’est bien connu n__n

Arpenter le Centre en long en large et en travers, c’est ce qu’il avait trouvé de mieux à faire pour sa première journée. De toute manière, à part bûcher les dossiers des « patients », il n’avait pas autre chose à faire. Le directeur lui avait bien stipulé qu’il pourrait clairement prendre son poste de surveillant dans deux ou trois jours, le temps de le laisser se familiariser avec les lieux et avec les visages et noms des jeunes présents au Centre. Il n’était pas contre, tant qu’il était payé tout lui allait bien et il pouvait au moins repérer les bons endroits et implicitement quelques personnes aussi. Donc pour l’instant, ils pouvaient se bagarrer sous son nez, faire n’importe quoi il ne s’en préoccupait pas réellement laissant ses collègues faire le sale boulot à sa place, ben ouais on lui a demandé de ne pas encore intervenir alors il obéissait sagement. Impressionnant non ? Il pouvait se montrer obéissant…mais bien entendu ce n’était que quand la situation l’arrangeait. Attendez faut pas rêver non plus ! Il n’y avait pas marqué ‘guignol’ sur son front et encore heureux T_T Non lui c’était tout autre chose, bien plus alléchant, bien plus excitant. Par contre, ce jour-là, il aurait bien aimé prendre ses fonctions, rien que pour coincer la petite intrépide qui se la jouait superwoman en essayant de voler quelques trucs. Comme s’il ne l’avait pas vu faire…elle croyait passer inaperçue dans son déguisement de carnaval ou quoi ? Mais bon, c’était son premier jour, il préférait se faire violence et ne pas commencer les conneries. Continuant son ascension, Shinichi ne manquait aucune pièce, aucun recoin et photographiait tout dans son esprit. Incroyable soit-il, le jeune homme avait une parfaite mémoire et se souvenait du moindre détail, voilà aussi pourquoi il lui était facile de retenir nom prénom âge visage et vite fait la situation des différents internés. Il en avait déjà lu pas mal de cas et franchement…y avait de quoi rire…Du plus sérieux des problèmes au plus délirant des comportements, il le sentait, il allait bien s’amuser ici. Le chasseur qu’il était avait trouvé un excellent territoire de chasse, qui plus est aux limites closes. Le rêve *0* ses proies ne pourront jamais s’échapper. Quelle jouissance franchement !

Jetant un regard sur sa montre, Shinichi décida au bout d’un moment de retourner dans son bureau. Il commençait à s’ennuyer à faire le tour des pièces, il aurait bien le temps de terminer un autre jour et pourquoi pas avec un guide privé par-dessus le marché ne ? Ce serait bien plus intéressant et attractif d’ailleurs *_* Non si vous ne l’aviez pas encore remarqué je le souligne au passage Shinichi ne perd jamais le Nord et ce n’est pas aujourd’hui que vous le trouverez paumé dans le Sud ! Arrivant près de la porte de ce qui à présent était son bureau – un peu bancal soit-il – Shin allait poser sa main sur la poignet de la porte afin de l’ouvrir mais oh surprise, elle s’ouvrit tout seule et laissa apercevoir une jeune demoiselle en petite tenue face à lui. Surpris sur le coup, il ne réagit pas et détailla du regard la jolie inconnue qui se présentait à lui. Un adorable visage, des yeux à en faire se damner plus d’un, des lèvres pulpeuses, un corps svelte élancé pourvu de formes là où il fallait. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’était pas très habillée : un petit haut et un mini short qui lui faisait tout bonnement pensé à un pyjama. Pourtant c’était pas encore son anniversaire ! Bizutage pour nouveau peut-être ? Ah c’est sacré collègues ! Ils voulaient lui donner un peu de plaisir avant de prendre en main son boulot ? Mais bon sa tenue et son comportement lui faisait plus penser à une de ces cinglées du Centre qu’à autre chose, aussi désirable soit-elle…Après cette méticuleuse observation, Shin allait dire quelque chose quand il la vit s’avancer vers lui et poser sa main sur sa chemise. Arquant un sourcil, il la regarda faire se demandant à quoi elle jouait jusqu’à ce qu’il sente sa chemise doucement remonter vers le haut. Ah c’était peut-être son anniversaire enfin de compte…Ouais mais non…Elle était bien précoce la petite, et voilà que maintenant elle entreprenait de l’embrasser. Shinichi laissa ses lèvres se coller aux siennes avant de la repousser gentiment. Plongeant un instant son regard de celui de la jeune fille, il finit par esquisser un sourire en coin et ferma la porte d’un geste simple avant d’attraper Kaede par la taille pour la plaquer doucement contre la dite porte. Rapprochement dangereusement son corps de cette dernière, il passa une main dans les cheveux de la jeune fille et l’embrassa à pleine bouche. Elles étaient belles ses convictions de rester calme le premier jour -__-. Surprise, elle resta un moment interdite jusqu’à le repousser assez violemment. Il n’eut pas le temps de faire quoique ce soit qu’elle ouvrit la porte et s’enfuit dans le couloir. Laissant échapper un juron, Shinichi se redressa et ajusta sa chemise avant de la suivre dehors. Il ne pouvait pas la laisser partir comme ça, si elle s’amusait à aller raconter quoique ce soit il était mal barré et cette situation ne l’arrangeait guère.

N’ayant aucun mal à la rattraper, Shin s’empara de sa main sans ménagement et la traîna à nouveau jusqu’à son bureau duquel il ferma la porte à clef pour éviter toute évasion. Heureusement qu’il n’y avait personne dans cette aile-ci à cette heure-là. L’obligeant à reculer jusqu’au bureau, il posa ses deux mains sur ce dernier une fois qu’elle fut bloqué entre le bureau et lui. Se penchant vers elle, il rapprocha son visage du sien, si près qu’il pouvait presque voir la lueur pas forcément rassurée dans son regard.

« Je crois qu’on va devoir reprendre du début tout les deux. Que faisais-tu dans mon bureau ? Et habillée ainsi ? »

Sans bouger d’un pouce, Shin garda ses yeux ancrés dans ceux de la jeune femme et resta près d’elle, si bien qu’il pouvait sentir son odeur naturelle. C’était bien malin…après ce qu’elle venait de faire, il n’avait plus vraiment envie de parler mais bon quand on a pas le choix…Kaede Mizuno…il était quasi certain à présent que c’était elle, il avait lu son dossier si sa mémoire ne lui jouait pas de tout, ce qui était rare. Pas très glorieux en tout cas…Délinquante, arrêtée après une fusillade qui a entraîné des morts…et bien bizarrement il sentait qu’il allait avoir du fil à retordre avec elle. Mais cela ne le dérangeait guère car s’il y a bien une chose que Shin aimait c’était bien les défis, et elle semblait en être un de taille <3

Kaede avait décidément le don pour s’attirer des ennuis, ou du moins, c’était ce qu’elle avait conclus après avoir été impliquée dans une fusillade qui avait causé, entre autre, la mort de son petit ami de l’époque. Elle ne cherchait pas non plus à se mettre les pieds dans les plats, mais presque à chaque fois qu’elle posait un geste plus ou moins anodin, tels qu’entrer dans une pièce, une tonne de conséquences catastrophiques s’en suivaient. C’était encore le cas cette fois. Elle avait tout bonnement décidé de profiter un peu de l’air frais de l’extérieur sans risquer de croiser un surveillant qui pourrait la conduire à sa thérapie hebdomadaire, lorsqu’elle avait réalisé qu’elle se trouvait pille dans le bureau des dits surveillants. Ah…génial. Mais bon, il n’était pas trop tard pour tourner les talons non? Elle n’avait qu’à ouvrir la porte et s’enfuir, ni vu ni connue. Son cœur battait à toute vitesse, ça avait quelque chose d’effrayant et à la fois de plaisant, ça faisait des siècles, enfin non des mois, qu’elle n’avait pas ressenti autant de peur de d’appréhension…autant d’adrénaline circuler dans son corps. Elle en avait la tête qui tournait tant cette sensation de peur lui plaisait...Kaede Mizuno aimait le risque, elle adorait voir sa vie en danger et ne compter que sur elle-même, c’est sans doute pourquoi elle était rendue ici maintenant, si elle avait un problème, outre un cœur brisé, c’était sans nul doute celui là : elle aimait vivre de façon extrême…Elle allait être servie. Tentant de contenir les battements accélérés de son pauvre petit cœur, elle avait posé la main sur la poignée pour ouvrir rapidement la porte. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne s’attendait pas du tout à croiser quelqu’un là. Mais il y avait bien une personne, ou plutôt un jeune homme qui était assez difficile à ignorer. Avouons-le, il était beau, très même. Mais c’était le cadet de ses soucis, il l’avait surpris et sur le coup, sa respiration avait bloqué et elle avait littéralement figé sur place. Quoi faire maintenant pour s’échapper? Pour fuir ce type qui visiblement allait demander des explications. La seule chose qui lui passa par la tête en ce moment, était la fuite…Elle aurait pu le frapper mais ça lui aurait attiré encore plus d’ennuis non? Elle opta donc pour le détourner et prendre la fuite à toutes jambes.

Mais comment changer les idées d’un tel homme …Hmm. La seule chose qui lui vint en tête fut de le saisir par le chandail et de faire mine de l’embrasser, histoire qu’il dégage la porte et qu’elle ait le champ libre. Elle n’avait aucune intention que réellement, poser ses lèvres sur celle de ce type, aussi séduisant soit-il. Pas plus qu’elle ne comptait lui adresser la parole ou lui fournir des explications. Mais il en avait décidé autrement puisqu’un moment, elle pu sentir des lèvres se poser sur les siennes. Le résultat fut semblable à une gifle : elle était figée et clairement blessée. Ça faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas eu ce genre de contact, tellement longtemps qu’elle en avait presque oublié le goût…Voilà qui ravivait de vieilles blessures et qui lui donnait envie de pleurer…mais devant lui, jamais. Elle n’était pas au bout de ses peines puisque très rapidement, elle senti des mains se poser sur sa taille. Elle était toute perplexe et elle ne semblait pas du tout comprendre dans quel tas d’ennuis elle s’était mise une fois de plus. Avant longtemps, elle sentit à nouveau le jeune homme s’emparer de ses lèvres d’une façon beaucoup moins chaste cette fois…Non mais pour qui se prenait-il!? Elle n’avait surement pas le caractère d’un chaton, gare à qui ferait fâcher Kaede Mizuno. Elle ne lui laissa pas plus que quelque secondes pour expérimenter le goût sucré et envoutant de ses lèvres, parce qu’elle le repoussa avec une violence surprenante pour une jeune fille. Elle lui jeta un regard noir, limite assassin en ouvrant la porte pour prendre la fuite. Pas question de rester ici, en partie parce que c’était un dément et visiblement un obsédé, et aussi parce qu’elle aurait facilement pu prendre goûts à ses étreintes qu’elle avait cru perdues à jamais…Peut importe qui les lui offrait...Un peu de contact humain dans ce monde si froid et si sombres était loin de lui faire du mal.

Elle allait prendre la fuite lorsque le jeune homme la rattrapa par la main pour la tirer sans ménagement vers la pièce qu’elle venait tout juste de quitter. Elle protesta en opposant à cette force toute la sienne…mais elle devait se rendre à une conclusion fâcheuse : elle était légère et tous les efforts du monde n’empêcheraient pas ce type de la trainer contre son gré…Une fois dans la pièce, prise au piège puisqu’il venait de verrouiller la porte, elle en était certaine, elle se retrouva adossée au bureau, si près de ce type dont elle ignorait l’identité. Il était si près qu’il pouvait sans doute apprécier l’odeur vanillée de ses longs cheveux sombres…et voir briller une lueur de colère dans son magnifique regard noisette. Elle ne parla pas, il prit la parole, pour lui demander qui elle était, pour lui demander des explications. Le repoussant avec assez de forces, quand même, elle n’allait pas le laisser la troubler plus longtemps, elle répondit d’un ton froid et cruel : elle s’en fichait, les gens, elle les méprisait du plus profond de son cœur.

Kaede : C’est pas tes affaires espèce d’obsédé. Pose encore la main sur moi et je te la casse!

Habillée ainsi? Hmmm, voilà qui semait le doute dans son esprit déjà embrouillé et elle daigna baisser les yeux vers sa tenue. Bah quoi? Elle portait un pyjama composé d’un sort sombre qui lui arrivait à la mi-cuisse, et d’une camisole toute simple. Bon, elle n’était pas super habillée mais elle avait vu pire...Ah cette Kaede, elle ne réalisait même pas que vêtue ainsi, elle laissait voire à qui le voulait bien sa peau si pâle, si impeccablement douce et ses formes plus que sublimes…Remarquez, ce n’était pas la première fois, même au lycée, elle était rudement populaire et elle ne comprenait pas ce qu’on pouvait bien lui trouver, réellement. Elle ne concevait pas qu’elle avait une valeur…et elle n’aimait pas qu’on lui fasse remarquer qu’elle n’était pas si invisible que cela… de par son corps plus que désirable. Avec provocation et sans doute pour ne pas perdre complètement la face, elle fixait le jeune homme de ses yeux sombres, sur ses gardes. Elle aurait pu le frapper, elle aurait du, mais quelque chose l’en empêchait…Il lui rappelait beaucoup trop ce qui lui plaisait généralement chez les gens. Qu’on lui tienne tête, qu’on l’écrase et qu’on la force à lutter, elle avait toujours préféré les relations humaines qui ressemblaient à un combat de tout les instants pour un peu d’attention…Oui, elle aimait qu’on la provoque, qu’on la cherche et quoi qu’elle en dise, elle ne pourrait pas s’en passer. Mais c’était dingue, elle n’allait quand même pas rester ici avec un vieux pervers pour le plaisir de lui tenir tête! Reculant encore un peu, elle prit place sur le bureau. Elle était enfermée, elle le savait, mais elle ne lui donnerait pas raison. Assise sur le meuble, elle savourait l’air de l’extérieur qui lui caressait le dos et la faisait frissonner. Elle ferait comme si elle comptait réellement rester ici et comme s’il n’avait aucunement une emprise sur elle. Ahaha quelle bonne blague, il aurait pu la briser en un claquement de doigt et elle, elle restait là à attendre l’inévitable. Elle s’adressa à nouveau à lui de manière blasée :

Kaede : Hey Hentai!! Tu comptes rester là longtemps? Tu me dérange.

Ah quelle charmante façon de s’adresser à quelqu’un non? Elle prit une pose nonchalante, assise, les jambes allongées sur le bureau en observant par la fenêtre. Elle l’ignorait complètement..Enfin non, elle voyait son reflet dans la vitre et elle pouvait constater qu’il n’était pas si mal …Mais ça, elle ne lui dirait jamais. Elle avait l’impression que chaque endroit de son corps où il l’avait effleuré, même si c’était plutôt…brutal comme pour la tirer, brulait autant que si elle avait été en contact avec un acide extrêmement concentré. Si elle ne c’était pas contenue tout ce temps, elle aurait sans doute tremblé de la tête aux pieds à son simple contact… Ah mais qu’importe, elle était forte, il verrait qu’ici, c’était elle qui menait le bal et que personne ne tenait tête à Kaede Mizuno. Elle continua de scruter son reflet dans la vitre…

Des jours, que dis-je ! Des semaines que Shin n’avait pas goûté à la volupté de lèvres infiniment douces. Trop occupé à chercher un toit pour sa sœur et lui puis un boulot, il en avait presque oublié ses petits plaisirs personnels et sa satisfaction première. Voilà pourquoi quand la belle inconnue était venue se coller à lui et poser ses lèvres contre les siennes, il ne pouvait faire autrement que d’y répondre. Tout était remonter à la surface si violemment que s’il ne s’était pas contrôlé il aurait sans doute fait sienne un peu beaucoup trop vite et aurait pu commettre une connerie qu’il aurait peut-être finalement regretter par la suite. Mais ayant un peu de lucidité, il y était allé un peu plus doucement afin de ne pas lui faire totalement peur non plus. Quoiqu’elle l’avait bien cherché tout de même. D’abord elle se promène à demi-nue dans son bureau puis elle vient se frotter à lui de la sorte…Comment ne pouvait-il pas le prendre comme une invitation assez explicite ? Après tout ce n’était qu’un homme, et dans ce genre de situation les hommes ne cherchent que très rarement à pousser la réflexion un peu plus loin. Donc pour lui la réponse était tout évidente et simple. Mais apparemment ce n’était pas ce que chercher la jeune femme et il le sentit passer quand elle le repoussa assez violemment contre le bureau. Heureusement qu’il n’était pas douillet ou un autre truc dans le genre car la force dont elle venait de faire preuve était assez impressionnante. Il avoue, il a été très surpris sur le coup par la violence qu’elle venait d’exercer sur lui. Mais étrangement – enfin pas si étrange que ça quand on considère la personne qu’il est – cela lui donnait encore plus envie de la poursuivre et de la faire sienne. C’était connu, Shin préférait l’action à la passivité, il n’aimait pas qu’on lui tombe tout cru dans la bouche, ce genre de filles l’ennuyait au plus haut point et l’acte n’était qu’un moment jouissif à passer mais derrière il n’y avait rien d’autre. Alors que quand elle commençait à se débattre et à lui résister…là la partie devenait intéressante à jouer. Dans une vie antérieur, Shin a dû être une sorte de chasseur ou quelque chose dans le genre car s’il a bien une chose qu’il appréciait dans ce bas monde, une chose qui leur était donné à eux aux hommes, c’était bien la chasse. Et Shin choisissait très minutieusement ses proies, il ne voulait passer à côté de rien et ne voulait pas se tromper. Ce serait dommage de gaspiller quelques efforts pour une fille qui n’en vaut pas finalement la peine. Il était persuadé de tout le contraire avec celle-là, elle semblait sauvage, ne demandant qu’à être dompté. Hmmm…Très intéressant. De plus, on ne peut pas dire qu’il pouvait cracher sur son corps, il avait eu le temps de bien les étudier et surtout de les sentir contre lui. Des jambes fines mais longues, un corps svelte et élancé, des fesses rebondies et un buste arrondi là où il le fallait. Elle était toute en chair, et quelle chair alléchante. Le plaisir de la chair était un don de la nature qu’il aimait préservé et apprécié pour ne pas le gâcher. S’il y a bien une chose de bien sur cette Terre c’est bien cela <3

Elle pouvait le repousser tant qu’elle le voulait, elle pouvait le frapper, le haïr, crier son dégoût face à cet être répugnant qu’il était, mais cela ne lui ferait ni chaud ni froid. Bien au contraire, plus elle lui résistera, plus il mettra de moyens en œuvre pour la faire céder. Plus elle le fuira, plus il la poursuivra. Plus elle voudra lui faire mal, plus il voudra lui faire du bien, mais pas forcément celui qu’elle croit. Shinichi marchait comme ça et dès qu’on déclenchait son instinct de chasseur, il ne répondait plus de rien laissant son instinct agir à la place de son esprit. Presque méconnaissable, si on connaissait sa personnalité, quand il est par exemple avec sa sœur, et celle quand il est « en chasse », on serait certainement très surpris par ce changement radical de personnalité. Le pire dans tout ça vous voulez savoir ce que c’est…il en est parfaitement conscient…Ce petit côté de pervers qui l’habite et l’accompagne depuis plusieurs années déjà…il l’assume complètement. Après tout les Hommes sont faits pour satisfaire leurs désirs les plus enfouis en eux. Il considère le sien comme tout à fait légitime puisque tout à fait naturel. Alors, dans sa logique, il n’y a aucun mal. Au fond a-t-il totalement tord ? Certainement pas. Avouez le, vous aussi vous avez envie de vous laissez tenter par cette philosophie de vie. Ce n’est pas donné à tout le monde d’assumer sa libido. Mais la refoulez ne fait que la ramenez plus vite et de force cent fois décuplée (L). A présent coincée entre le bureau et lui, elle trouvait encore le moyen de faire sa fière et de le provoquer. Ne voyait-elle pas le danger qui planer sur elle ? Il était dangereux du moindre pore de sa peau à la racine de ses cheveux, il le savait et il en jouait. Après tout, le danger…n’est-ce pas si attractif et attirant ? On se rit du danger, on joue avec lui, on joue avec le feu quitte à se brûler les ailes, après tout ce n’est pas important, on a qu’une vie, alors pourquoi la gâcher en peur quelque soit-elle ? Si elle voulait jouer avec lui, elle allait être servie, mais elle ne savait pas encore qui serait le gagnant de cet issu…Shinichi n’avait pas l’habitude de perdre et rien qu’en le voyant on pouvait bien comprendre pourquoi. Ne soyez pas jaloux, ou on l’est ou on l’est pas, malheureusement pour vous, il l’est plus que vous =)

Sentant son odeur parvenir à ses narines, et la chaleur de son corps proche du sien, il était difficile de ne pas résister, mais il se faisait violence, il n’allait pas lui donner la satisfaction de le voir faible face à l’appel du désir, non, il préférait cent fois mieux le contraire, la voir languir, le supplier de calmer les pulsions qui prendraient possession de son corps. C’était tellement jouissif de se sentir maître de la situation. Shin ne le cachait pas, il avait plus l’habitude d’être un dominant qu’un dominé, c’était dans sa nature la plus profonde et rien ne pouvait le changer. Il ne le savait pas encore, mais quelque chose d’assez fort était en train de se passer entre eux, un désir naissant, qui serait bien plus fort que d’habitude. Il en ressentait un peu déjà les effets, la température montant d’un cran entre eux. S’affrontant du regard, c’était une véritable bataille de ‘je te hais’ ‘tu me plais’ qui se déroulait entre eux à l’instant présent. Ils ne se quittaient pas du regard, étudiant mentalement l’autre mais l’adrénaline commençait déjà à envahir leurs veines…Les paroles de Kaede le firent bien sourire. Obsédé ? Oh ça oui ! Et encore elle n’avait pas vu l’étendue de sa débordante imagination et l’expérience qui pouvait avoir en la matière ! Elle n’avait pas encore expérimentée ses mains et sa langue experte, alors elle ne pouvait pas se douter à quel point elle avait raison mais étant à la fois très loin de ce qu’elle pouvait imaginer. Lui casser la main ? Elle était rigolote décidemment. Oui il avait bien vu qu’elle avait de la force mais quand bien même elle essayerait de lui faire du mal, elle n’aurait pas le temps de l’attraper qu’elle aurait déjà de sérieux problèmes. L’index du surveillant se posa sur le front de la demoiselle et y exerça une pression comme s’il voulait la bousculer sans peine, n’ayant pas besoin de beaucoup de force pour la faire chanceler, vu sa position déjà et son poids plume par la suite. Mais elle ne semblait pas se formaliser de sa présence et décida de continuer à essayer de l’ennuyer chose qui ne marchait pas vraiment avec le jeune homme. S’asseyant sans gêne sur son bureau, elle entreprit d’à nouveau lui lancer une pique sans grande importance pour Shin avant de carrément limite s’allonger dessus. Mmm…C’était presque un appel à la folie ça x) mais il préféra chasser toutes ces pensées pas très catholiques de son esprit pour se concentrer sur autre chose. Si elle voulait prendre place dans ses lieux, tant mieux pour elle, mais qu’elle ne croit pas empiéter impunément sur son territoire. Il finirait bien par lui faire cracher le morceau voilà pourquoi il ne remettait pas sur le tapis la raison de sa présence ici et franchement…pour être honnête…même si le règlement stipulait que les pensionnaires n’avaient pas le droit d’être dans un lieu comme celui-ci…franchement oui, il en avait rien à foutre. Au contraire ça lui faisait de la compagnie, agaçante soit-elle, c’était un joli agacement <3

Ne prenant même pas la peine de lui répondre commençant à l’ignorer totalement, étrange d’ailleurs ce revirement de situation mais il avait sa petite idée derrière la tête. Elle semblait adorer le jeu de la provocation alors même s’il allait pousser le bouchon assez loin, il n’allait pas la décevoir et elle verrait bien qu’il n’était pas novice à ce jeu et que lui aussi savait très sérieusement y jouer. Contournant le bureau où la demoiselle avait décidé de poser son popotin, il farfouilla un moment parmi les dossiers et attrapa celui qu’il cherchait. Relevant les yeux vers Kaede, il croisa son regard et esquissa un sourire en coin avant de tendre le bras pour – par surprise – la pousser hors de son bureau. Effet de surprise marchant, elle perdit l’équilibre et fut bien obligée de lever ses fesses du bureau. S’asseyant sur le recoin de ce dernier, Shin ouvrit à la première page le dossier qu’il tenait entre les mains et décida enfin de reprendre la parole. Ses lèvres s’entrouvrirent doucement pour laisser sa voix grave et chaude raisonnait dans la pièce.

« Mizuno Kaede… »

Ses yeux se levèrent vers la jeune fille et la fixèrent un moment tandis qu’elle semblait s’être tout d’un coup figé dès le début de ses paroles. Restant de marbre et adoptant une attitude sérieuse, sans toute trace d’émotion sur le visage, il se pencha à nouveau sur le dossier pour continuer

« Arrêtée après une fusillade entraînant la mo… »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase…

Il l’ignorait, il osait la prendre à son propre jeu… autant c’était quelque chose qui normalement lui déplaisait, autant de ce cas là, elle sentait pointer un peu d’estime pour cet être qui osait lui tenir tête. C’était stupide à dire, mais depuis deux mois, personne ne lui avait tenu tête. Depuis deux mois, même ses parents frissonnaient lorsqu’ils la voyaient approcher. C’était stupide, ils l’avaient élevés, ils l’avaient gâtés et elle les aimait malgré tout, elle ne leur aurait jamais fait de mal. Et pourtant, ils semblaient l’observer comme une créature sortie tout droit d’outre tombe, comme un monstre, comme une criminelle. Elle n’avait tué personne, oui elle se droguait, oui elle frappait les gens, mais en bout de ligne, c’était un mode de vie, pas sa véritable personnalité. Elle se souvenait encore de sa mère, si délicate, qui tremblait de la tête aux pieds en la serrant dans ses bras avant de l’abandonner ici. Les seules personnes qui auraient du l’aimer malgré tout venaient de faire d’elle une abomination. Alors qu’un inconnu la voit dans toute sa splendeur de furie violente et ose malgré tout lui tenir tête, ça l’impressionnait. Elle eut une pensée étrange en fixant du coin de l’œil cet homme à la beauté déstabilisante : et si, si jamais il venait à apprendre ses crimes et son passé, serait-il capable de la traiter ainsi, avec mépris, d’être aussi franc. Elle était dégoutante, elle était souillée par le pêché et elle avait peur que maintenant que son âme désillusionnée était aussi sombre que ses cheveux de jais, plus personne ne veuille jamais d’elle. Mais lui… il la dévorait du regard et ce malgré les vagues de haine qu’elle lui envoyait. Comment pouvait-il la désirer elle qui était si sale et si repoussante, elle qui avait tant de sang sur les mains? Il était fou pour s’enflammer à ce point en posant sur elle un regard moqueur. Il était dangereux, oui, elle le savait…. Soudainement, il s’approcha de son bureau et se mit à fouiller, à la recherche de quelque chose. Elle l’observa du coin de l’œil, feignant d’être complètement désintéressée. Il était beau, une peau si pâle, une mâchoire masculine et délicate sur laquelle elle avait envie de passer ses doigts glacés… elle du se faire violence pour éviter de le toucher. Elle sentait son corps s’enflammer et c’était loin d’être une sensation purement physique, son cœur battait à une vitesse surprenante et elle n’arrivait pas à le quitter des yeux. Elle le méprisait oui, plus que jamais, mais en même temps, cet homme horrible, cet homme qui semblait aussi impure qu’elle, elle aurait voulu tout lui avouer…et voir si après des aveux aussi brutaux sur sa vie, il lui jetterait toujours ce regard tellement prometteur… Elle se surprit à envier les nombreuses filles, elle en était certaine, qui avaient pu se serrer contre lui… un seul moment si près de lui, tout à l’heure, lorsque son corps effleurait le sien, et pour une fois, elle n’avait plus peur de rien. Hélas, il ne lui laissa pas le temps de penser à sa possible bonne fois puisqu’il ouvrit la bouche pour prononcer son nom d’une voix froide et moqueuse.

Elle figea, quel monstre, oser torturer une jeune fille de la sorte! Elle n’osait plus bouger, ok, il connaissait son nom, c’était peut-être un coup de chance, ça ne prouvait pas que ce qu’il lisait était réellement l’histoire de sa vie. Et puis même si c’était le cas, elle s’en fichait non, qu’il découvre tous ses secrets? Ça ne changerait rien…elle ne voulait pas le séduire non? Il pouvait la mépriser et lire son dossier. Il continua d’ailleurs, de la provoquer, de se moquer alors qu’elle serrait les poings, ignorant qu’il connaissait déjà son histoire. Retiens-toi Kaede, ça ne change rien. Chaque mot était un coup de poignard, un souvenir cruel qu’elle tentait d’ignorer et de cacher … chaque mot qu’il prononçait d’une voix moqueuse et provocante lui tirait un frisson et des envies de pleurer, elle ne voulait pas que ça soit arrivé, elle refusait d’en parler, il lui semblait que s’il mettait en mot les faits, elle ne pourrait plus fuir la réalité et elle devrait s’y faire : oui, Naoki était mort à jamais, elle avait du mal à se souvenir de ses traits, elle avait oublié sa voix… Ses yeux sombres étaient rivés sur les lèvres du jeune homme, elle devait le faire taire, elle devait l’empêcher de rouvrir une plaie tellement profonde qu’elle pourrait avoir raison d’être. Elle avait finalement plus ou moins recollé les morceaux, ce n’était pas pour qu’il la brise en mille morceaux à nouveau. Il continuait pourtant, elle ne savait que trop bien comment ça allait se finir…elle revoyait la scène, les officiers, leur armes, le coup de feu perdu… les coups qui heurtèrent le jeune homme qu’elle aimait. Elle revoyait le sang sur ses mains, et elle sentait son cœur s’accélérer, les larmes lui monter aux yeux et une envie grandissante de s’effondrer. Il ne devait pas dire un mot de plus, d’une voix furieuse, elle lui hurla d’arrêter.

Kaede : TA GUEULE !

Sans réfléchir, elle se précipita vers lui pour lui hurler des mots cruels, des mots si froids et pourtant tellement tremblants...elle était terrorisée. S’il n’avait pas encore remarqué que ça la brisait en morceau, qu’elle craquait et qu’elle ne serait bientôt plus en état de tenir sur ses pieds, il était aveugle. Elle se jeta littéralement sur lui pour lui arracher le dossier qu’elle lança aussi loin que possible. Mais pour se faire, elle du lui grimper un peu dessus, il n’était pas prêt à lui laisser si facilement non? Le démon est toujours démoniaque… Elle le poussa, il était déjà en équilibre précaire sur le bureau…si biens qu’il se retrouva allongé sur le sol, et qu’elle lui tomba dessus. Aie…Elle l’avait poussé avec toute sa force, il était plus grand qu’elle après tout, si bien qu’elle perdit pied et bascula vers l’avant. Kaede avait fermé les yeux, anticipant la chute douloureuse qui ne vint pas. Heureusement, on avait amorti sa chute…Rassurée, elle ouvra les yeux pour remarquer qu’elle était couchée sur lui… Ah, c’était donc… Son regard se baissa pour réaliser qu’elle était tombée sur lui et que sa poitrine était collée sur son torse, normal, la gravité me direz-vous, cette loi si simple… Elle ne pouvait pas trop se relever puisqu’elle refusait de poser ses mains sur lui. Son regard rencontra celui du jeune homme qu’elle soutint avec défi, elle n’allait pas le laisser gagner si rapidement. Son cœur battait à toute vitesse, elle en avait mal tellement c’était hors de contrôle. Ses joues virèrent au rouge : elle avait beau être « expérimentée » il n’en reste pas moins qu’elle n’avait été proche d’un garçon ainsi qu’avec un seul…et que ce n’était pas celui qui était sous elle. Gênée, elle tenta de se relever mais elle était paralysée par… par quoi? C’était elle ou la température avait soudainement monté d’une trentaine de degré? Elle avait chaud malgré sa petite tenue et elle sentait son corps s’enflammer. Comment arrêter cette sensation étrange qui lui faisait perdre la tête, son esprit entier était embrouillé et incohérent, elle n’arrivait pas à formuler une seule pensée compréhensible. Et il y avait cette sensation étrange qui lui nouait le bas ventre et l’empêchait de prononcer le moindre mot, elle était accrochée à son regard, figée et impuissante, incapable de se défaire de ce contact à la fois tellement effrayant et tellement envoutant. Bon d’accord, elle était figée, mais elle n’avait pas craqué, son être entier lui opposait une résistance hors du commun, elle restait fière, orgueilleuse, même si elle le savait, elle n’aurait plus jamais envie de bouger. Puis, au bout de quelque minutes, elle réussi à poser ses mains sur le sol et à tenter de se relever…de façon plutôt maladroite puisqu’elle du prendre appuis sur lui.

Kaede : Mêle toi donc de ta vie espèce de pervers. T’as deux mains pour te satisfaire, alors les poses pas sur moi !

Euh…c’est toi qui lui as tombé dessus hein… Oui, elle le savait, mais c’était tellement plus simple tout lui faire porter le blâme, de faire de lui un être infâme, un monstre, un démon, et de l’accuser de tout pour ne pas avoir à avouer que ce contact, elle l’avait désiré, que ses lèvres moqueuses qui se payaient sa tête, elle ne désirait qu’en prendre possession…C’était hors de question qu’elle avoue une chose comme ça. Oui bon, elle avait une libido, et alors? Ça ne l’avait pas dérangé avant, ça ne l’avait pas poussé dans les bras de n’importe quel mec et ça ne le ferait pas. D’ailleurs, elle se sentait coupable et triste d’avoir un instant, désiré un autre homme que Naoki, elle se sentait misérable et atroce d’oser regarder un homme comme s’il était plus qu’un animal… de le regarder avec cette étincelle de défi et de moquerie qui, bien qu’étant de la pure haine, criait à qui savait la lire « je suis dingue de toi ». Non, elle n’était pas dingue de lui, elle ne le connaissait pas, elle ignorait son nom, elle le méprisait comme tout le monde et elle voulait lui broyer les os. Dans une humeur plus sombre, elle réalisa qu’elle était toujours sur lui. Elle ne s’était pas relevée non…elle avait seulement posé ses mains sur le torse du jeune homme, elle était carrément à cheval sur lui et elle l’insultait pour se sentir moins bête…Chapeau Kaede, pour la palme de la stupidité, tu dois avoir décroché le titre haut la main…

Kaede : Je te hais sale type !

Shinichi ne savait trop bien comment pousser les gens à bout et ce que cela faisait d’être mis à nu devant ses propres peurs pour ignorer le regard craintif de Kaede même si elle faisait tout son possible pour lui montrer le contraire. Etre mis à nu devant ses fautes les plus grosses, personne n’aimait cela même pas Shin, il haïssait comme lui montre ses erreurs et surtout qu’on lui fasse la morale dessus. Ne jamais faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. Certes, il devrait suivre ce petit dicton lui aussi, mais il voulait connaître les limites de la jeune fille, il voulait voir jusqu’où elle pouvait aller, jusqu’où il pouvait aller avec elle, mais surtout il sentait qu’elle avait besoin qu’on la pousse dans ses derniers retranchements qu’on la force à affronter son passé, pour arriver peut-être un jour à tourner la page…Tourner la page, rien de plus difficile dans la vie humaine, quand on s’attache émotionnellement à quelque chose ou quelqu’un, il est toujours difficile d’oublier l’objet ou la personne, voire quasi-impossible de l’effacer de son esprit. La seule chose que l’on pourrait arriver à faire c’est calmer les maux qui nous font tant souffrir, arriver à vivre avec sans que cela ne nous fasse éternellement pleurer. C’est peut-être la chose la plus difficile à faire, au fond de lui il le savait pour l’avoir expérimenter…Il était très attaché à ses parents, il ne passait pas une seule seconde sans eux, c’était un de ces petits garçons qui avaient besoin de beaucoup d’attention et qu’on s’occupe tout le temps de lui, il était fragile autant émotionnellement que physiquement. Alors quand ces derniers moururent, ce fut le choc psychologique qui bouleversa tout. Au début, complètement paumé, il passait ses journées à broyer du noir, à ne plus laisser un seul rayon de soleil venir caresser sa peau si tendue et souillée par des larmes de souffrance. Il avait mal, son cœur était brisé en milles morceaux et quoiqu’il fasse, il n’arrivait plus à rattraper la lumière du soleil, elle semblait fuir dès qu’il avançait la main. C’était beaucoup trop dur, ses frêles épaules ne tenaient pas, il n’était qu’un petit garçon, tout était bien trop compliqué. La personne qui inconsciemment l’aida à sortir de son mutisme fut sa petite sœur. Tandis qu’il s’autodétruisait, seul dans son coin, elle, sans ressource, beaucoup trop petite pour réaliser quoique ce soit et s’occupait d’elle-même, dépérissait toute seule dans la pièce d’à-côté. Ce fut l’électrochoc et une immense prise de conscience, il ne pouvait pas, ce n’était pas acceptable, laisser sa petite sœur dépérir ainsi. Au nom de ses parents, au nom de tout l’amour qu’ils avaient pu lui apporter, il se devait de tout faire pour qu’elle soit heureuse et ait une vie décente…Shin n’a pas tourné la page, aujourd’hui encore il vit avec le souvenir violent et vivace de ses parents, il s’interdit juste de ne pas trop y penser, il n’enfouit pas ses souvenirs au fond de lui, il sait que s’il agit ainsi ils finiront par refaire surface et le détruiront comme ils avaient déjà failli le détruire, agir ainsi révéler de la folie pure. Non, il apprenait tout les jours un peu plus à vivre avec, et croyez le ou non, au fil du temps, cela finissait par vous soulager réellement. Même si les étapes sont extrêmement dure à franchir, même si devant la difficulté on a tendance à tout laisser tomber, de peur de souffrir plus qu’on ne peut le supporter, même malgré tout ça, il ne faut jamais abandonner, car la porte qui s’ouvre après toutes ces épreuves n’est autre que la porte du Paradis.

Il ne connaissait pas toute la souffrance de Kaede, il ne connaissait pas dans le moindre détail toute son histoire, mais rien qu’en lisant son dossier et rien qu’en lisant sur son visage aujourd’hui, rien qu’avec ça il avait ressenti toute une souffrance refoulée, trop longtemps refoulée, et il avait vu, il savait qu’elle cachait tout, qu’elle se forçait à oublier, à ne plus y penser. Il ne connaissait finalement pas grand-chose, il ne savait pas qui était cet homme mort dans la fusillade, et pour l’instant le savoir ne l’intéresser pas, la seule importance était que ce passé semblait la ronger de l’intérieur. Et ça il ne pouvait pas l’accepter. Oh je vous vois venir d’ici, ne croyez pas qu’il soit devenu bon samaritain, non, Shinichi est bien plus vil que ça. S’il agit ainsi ce n’est pas pour forcément soulager la demoiselle pour qu’elle puisse vivre en paix avec elle-même, donc aussi diabolique soit-il, sa seule source de motivation est de ne pas voir une si belle plante faner. Bah oui quoi ! Ce serait dommage de voir ce joli petit visage se dégradait au cours du jour, ce corps parfait devenir de plus en plus pâle et malade pour finir par être ronger de l’intérieur tellement le remord ne sera plus supportable. Car c’est tout droit à ce qu’elle courrait avec son comportement actuel, elle y allait et à pied joint même sans se rendre compte qu’elle participait à sa perte…Aucune once de gentillesse ne pouvait couler dans ses veines, tout ce qu’il faisait Shin le faisait par intérêt, la seule personne qui pouvait éveiller un tant soi peu de bonté à lui n’était qu’Hana, les autres il les méprisait et les manipulait tels ses pions sur un échiquier. Vous pouvez le détester autant que vous le voulez, il y a longtemps que le cœur froid du jeune nippo-coréen ne se laisse plus toucher par ce genre de bassesses. A vrai dire et pour être totalement dans le juste, même si enfant il n’a jamais eu de préjudice et n’a jamais manqué d’amour, s’il agit ainsi aujourd’hui c’est bel et bien depuis la perte de ses parents. Sa personnalité a totalement changé, ou du moins une seconde a pris l’ascendant sur la première. Il ne veut pas que les choses changent, il ne veut pas redevenir le petit garçon faible qu’il était avant. Il se complait dans son nouveau rôle, il aime son nouveau lui, même s’il est le pire enfoiré qui puisse exister, même si le monde entier le déteste. Cela n’a pas d’importance…Seuls ses petits plaisirs personnels en ont, il ne vit presque plus que pour ça. C’est comme si tout était mort autour de lui. Et nous ne sommes pas loin de la vérité, c’est ainsi qu’il voit les choses depuis des années. Tout a un goût putride dans sa bouche, plus rien n’a de saveur, plus rien n’a de couleur. Seul le rire et le sourire de sa jeune sœur se démarque de cet univers gris. Car il n’y a plus de blanc et de noir, il n’y a que du gris partout autour de lui. Il n’en a même plus peur de ce monde là…il a finit par s’y habituer, il a finit par apprendre à vivre avec, il l’a dompté et l’a fait sien. C’est un monstre et il ne s’en cache pas, il joue avec les sentiments des gens selon ses envies. Un véritable démon qui n’en fait qu’à sa tête, un véritable démon qui se fiche de faire souffrir les autres, un véritable démon qui cache bien son jeu et un véritable démon qui sait si bien jouer que personne ne se doute une seule seconde du double jeu qu’il joue quotidiennement. Alors chut, gardez le secret mes amis, ce serait dommage de tout gâcher maintenant, ne voulez-vous pas voir jusqu’où il peut aller ? Jusqu’où son génie machiavel peut l’emmener ? Soyez patients, vous aurez un jour le fin mot de l’histoire. Le loup pourra-t-il un jour devenir un agneau ? Rien n’en est moins sûr, mais rien n’est écrit jusqu’à la fin…

Il n’avait pas peur d’elle, elle ne l’impressionnait en rien du tout. Si elle savait toutes les horreurs qu’il avait pu voir en se baladant dans tout le pays, en arpentant toutes les rues inimaginables et possibles avec sa petite sœur. Il n’en était pas à un meurtre près, il ne connaissait que trop bien la couleur du sang, il savait quel goût avait la souffrance, il éprouvait celui de la colère…Non elle était bien loin du compte le concernant. Elle ne connaissait rien de sa vie, et ce n’était pas forcément si mal que ça. Il ne voyait pas de raison de la mépriser, il ne voyait pas de raison de la rejeter, son histoire n’était pas toute rose, mais il ne voyait pas pourquoi l’abandonner ici comme ses parents l’avaient fait. Au fond qui avait une vie sans bavures ? Personne, c’était tout bonnement impossible. Il est dans la nature de l’être humain de faire du mal et de ressentir le besoin de faire du mal. Cela a été démontré un bon nombre de fois et les gens pourront toujours dire ce qu’ils veulent, même le plus sage d’entre nous, même le plus gentil, le plus adorable, le plus aimant, le plus innocent…même eux ont un jour ou l’autre ressenti la pulsion meurtrière que tout le monde possède. Qui n’a jamais rêvé d’étrangler un importun venu nous déranger et nous emmerder pendant un moment de tranquillité où on vaquait à ses occupations ? Qui n’a jamais pensé à écraser cette personne traversant la route n’importe où rien que pour vous faire enrager encore plus ? Ou encore cette fille dans votre lycée qui s’amuse à vous narguer constamment à longueur de journée, jouant avec vos nerfs ? Ou ce garçon qui vient de vous voler votre copine sous votre nez rien que parce qu’il vous haït d’être ce que vous êtes ? Alors ? Etes-vous toujours des anges ? Shin aura beau être le pire des enfoirés, lui au moins avait compris une chose par rapport aux autres, et lui au moins avait le mérite d’accepter les autres tels qu’ils étaient – même s’il prenait un plaisir fou à se servir d’eux par la suite. Alors il faisait table rase du passé de Kaede, il se fichait de son histoire, il se fichait bien de savoir si elle était responsable de la mort d’une personne ou si elle a volé la sucette d’un enfant. Rien n’est plus important que l’instant présent, et il est bien connu que Shin profite toujours des moments présents qui s’offrent à lui. C’est un véritable diable déguisait en ange, tout le monde se laisse tenter par son jeu, vous savez pourquoi ? Parce que son jeu à lui a le mérite au moins d’être empreint de réalité et non de facticité dans laquelle vive tout les gens d’aujourd’hui. Alors il mettait en place son jeu avec elle, il voulait la tester en quelque sorte, pour mieux connaître ses réactions, pour mieux la cerner, peut-être afin de mieux jouer avec elle ? Qui sait…Peut-être se détacherait-elle du lot, peut-être lui ferait-elle voir qu’enfin quelqu’un dans ce bas monde mérite peut-être un peu plus d’attention, peut-être arriverait-elle même à calmer le feu dévastateur en lui. Tout restait à voir, tout restait à conquérir et surtout tout restait à déchiffrer. Car il n’y avait pas pire qu’une personne en colère pour la comprendre…

Il venait de la pousser dans ses derniers retranchements, à la minute où il avait prononcé son nom il avait vu son visage se figer et ses yeux commençaient à s’affoler, comme si elle appréhendait la suite de ses paroles, comme si au fond d’elle une profonde crainte annoncée quelque chose de douloureux, qu’elle n’avait pas envie de revivre. Il la mettait face à ses propres peurs, face à sa propre souffrance, et la réaction violente qu’elle venait d’avoir en lui demandant de la fermer confirmait sa théorie. Ce qu’il n’avait pas forcément prévu par contre c’est qu’elle se jette sur lui pour le faire taire, pour lui arracher le dossier des mains afin qu’il ne dise plus rien, afin qu’il ne lise plus rien. Mais il le connaissait déjà ce dossier, il n’avait même pas besoin de le lire, il le connaissait presque par cœur. Depuis le début elle avait attiré son attention, dès qu’il avait posé ses yeux sur sa photo il avait su qu’elle serait une partie intéressante et qu’il allait forcément avoir affaire à elle. Et il ne s’était pas trompé. Elle était tombée tout droit dans la gueule du loup et n’allait pas en réchapper aussi vite. Shinichi se retrouva allonger par terre dans un concours de circonstance. Furieuse, elle l’avait poussé, si fort, qu’il en avait perdu l’équilibre à cause de sa position précaire sur un bureau déjà douteux. C’était assez époustouflant la violence dont elle pouvait faire preuve, elle le rendait limite admiratif. Elle était intéressante et elle l’intéressait. Mais ce ne fut pas tout, bientôt le cœur de Kaede vint heurter le sien. La voyant tomber sur lui, il tendit ses bras afin de la recueillir et l’empêcher de l’écraser totalement, même si son poids plume ne faisait pas trop la différence. Drôle de position, surtout quand on est à un tel état d’énervement. Il sentait le cœur de la jeune fille s’emballait dans sa poitrine et tambourinait comme s’il ne demandait qu’à sortir. Elle était enragée et il le savait, il l’avait poussé à bout, il avait fait d’elle ce qu’il voulait en faire. Les douces formes de Kaede épousaient à la perfection le torse musclé de Shin, si bien qu’il pouvait en ressentir les moindres courbures. La position, gênante soit-elle, ne le perturbait pas plus que ça, il avait l’habitude des contacts corporels, il trouvait juste la situation assez comique de son point de vue. Elle ne semblait pas vouloir bouger, d’un côté on ne pouvait nier la confortabilité de son torse. Prenait-elle enfin goût à être contre lui ? Non, il le savait, le contraire l’aurait étonné et un peu déçu il faut dire. Si elle tombe trop vite dans ses filets ce ne serait plus du tout marrant. Son corps tremblait, et était parcouru de quelques soubresauts, sans doute sous l’effet de la colère, mais elle ne bougeait toujours pas. Shin pouvait à peine entendre sa respiration haletante tant les battements de son cœur tambourinaient dans sa poitrine. Elle tenta de se relever au bout d’un moment mais ne sembla pas trouver la force nécessaire. Ca aussi il l’avait voulu, la vider un peu de son énergie, c’était toujours le contre effet quand on s’énervait trop vite. Et souvent l’épuisement aider à un peu mieux craquer pour se vider et se faire du bien. Puis ses yeux rencontrèrent enfin à nouveau les siens. Elle n’était pas contente, mais ça il avait cru déjà le remarquer, il lisait cette lueur meurtrière dans ses yeux mais il y avait aussi autre chose…qu’il pouvait moins bien expliquer mais il avait sa petite idée derrière la tête. Elle tenta à nouveau sa chance en appuyant ses mains sur le sol avant d’essayer de se redresser en les posant sur son torse. Shin sentit le contour de ses doigts fins sur son torse à travers sa fine chemise blanche, cette sensation l’électrisa un court instant avant que la voix de Kaede ne remplisse à nouveau l’espace.

[Gomen du double post ça voulait pas tout rentrer XXD]

Ne pas poser ses mains sur elle ? Elle était bien bonne celle-là. Réaction typique d’une personne qui ne savait plus quoi faire ou dire dans une situation qui lui échappait totalement. C’était fou à quel point il pouvait comprendre l’esprit des gens…Finalement il aurait peut-être du être psychologue au lieu de se lancer à la conquête du pays entier avant de s’attaquer au monde…Mmm à mettre dans un coin de l’esprit et à méditer un jour plus calme. Ces paroles le firent sourire. Elle était bien mignonne à s’enflammer pour rien du tout et lui balancer des inepties pareilles. Il se demandait si elle se rendait au moins compte de la bêtise de ses paroles. C’était assez flagrant quand même. Ses mains étaient plaquées le long de son corps et aucunes d’elles ne touchaient la jeune femme. Mais si elle voulait jouer à cet autre petit jeu avec lui il pouvait très bien y rentrer sans problème. Elle était exténuée, épuisée et surtout désemparée. Au final il avait quand même réussi son pari personnel, il l’avait en partie mise à nu sans son autorisation et violait un peu son intimité. A présent à califourchon sur lui, Kaede ne semblait pas se rendre compte de la position qu’elle tenait envers lui, qui n’avait pas bougé depuis le début se délectant de ce si doux spectacle. Perdue dans ses pensées, elle sembla reprendre contact avec la planète terre pour lui invectiver d’autres paroles se voulant froides qui pourtant ne toucher en aucun cas le jeune Yoshitsu. Sans crier garde et sans prévenir, Shin se redressa d’un coup et se retrouva limite nez à nez avec Kaede, si près qu’il pouvait sentir son souffle sur sa peau et vice-versa sans doute. Il n’eut pas d’autre choix que de poser ses deux mains sur sa taille vu qu’elle encombrait son espace personnel afin de mieux garder sa position. Assis, l’un face à l’autre, Kaede toujours à califourchon sur lui, se faisant une fois de plus face les yeux dans les yeux…

« Je comptais bien que tu me haïsses »

Des paroles prononcées le plus simplement du monde, et un sourire calme et serein venant se dessiner sur ses douces lèvres chaudes. Attitude si énervante…si crispante…mais tellement obsédante.

Cette position était à la fois envoutante et étrange pour la jeune fille frêle et innocente qu’était Kaede Mizuno. Elle n’avait pas l’habitude de se retrouver ainsi, assise sur un homme qu’elle connaissait à peine, mais cette fois, on lui pardonnera parce qu’elle n’arrivait pas à contrôler ses mouvements et ses réflexes. Il avait un contrôle quasi-total sur elle, sur sa petite personne. Mais elle avait le mérite de lui résister non? Elle lui tenait tête, son regard enflammé et pétillant de fureur prouvait que contrairement aux groupies qu’il devait avoir, elle ne serait pas si facile à attirer dans son lit. Ses mains étaient posées sur le torse du jeune homme et elle n’osait pas faire un mouvement. Elle sentait ce corps si parfaitement sculpté sous ses doigts, elle devinait les muscles parfaites qu’elle aurait pu caresser pendant des heures…Elle devinait ses bras si forts qui auraient pu l’enlacer et la protéger de tout… Elle aurait eu envie de s’y blottir, de se serrer contre lui et de profiter de la protection qu’offrait un corps masculin désirable…Mais ça aurait été montré ses faiblesses, lui laisser entrevoir une partie frêle et effrayée de sa personne. Elle s’y refusait. Même à Naoki, elle n’avait jamais voulu révéler cette partie d’elle, celle qui se languissait pour des caresses, celle qui avait besoin d’approbation, d’affection…

Kaede ne s’attachait pas aux gens, pourquoi? Parce que c’était plus simple, elle souffrait moins ainsi. Elle n’avait pas à endurer la peur, la phobie qui lui glaçait le sang et la faisait trembler la nuit, alors que les heures sombres venaient. Seule, elle ne risquait pas d’être déçue, d’être blessée, seule personne ne la trahirait et on ne l’abandonnerait plus jamais. Kaede ne pourrait pas survivre si une fois de plus, une personne qu’elle tenait chère à son cœur venait à lui être arrachée. Elle avait déjà du mal à respirer sans l’homme avec lequel elle comptait passer sa vie…elle ne voulait plus jamais souffrir ainsi, et pour cela, elle ne devait plus jamais avoir de sentiments aussi forts pour quelqu’un. Plus facile à dire qu’à faire, cet homme sous elle, cet homme qu’elle sentait contre son corps, cet homme dont l’odeur qui taquinait les narines et dont la respiration était synchronisée à la sienne, elle ressentait une tonne d’émotions contradictoires à son égard. Elle voulait le frapper, lui arracher les membres et danser sur son cadavre, elle le méprisait de la rendre si faible et vulnérable…et elle aurait voulu l’attraper et l’embrasser à pleine bouche pour le remercier de l’accepter ainsi, sans poser de question : il était le premier depuis son admission à Niban. Ici, c’était toujours des pourquoi, les psychologues voulaient comprendre ce qui se passait dans sa tête même si elle n’en savait rien, ses parents voulaient des raisons pour ses agissements, pour son comportement…elle devait même donner des raisons pour avoir envie de sortir du bâtiment…Comme si elle ne pouvait pas tout simplement avoir envie de respirer l’air frais…Mais non, cet homme ne demandait rien, il n’attendait rien d’elle. Pour la première fois, quelqu’un la voyait faible et idiote, quelqu’un voyait tous ses défauts et malgré tout, il la couvrait d’un regard enflammé.

Pourquoi lui avoir dit de retirer ses mains? Il ne la touchait même pas…C’était stupide, vraiment, elle se maudissait intérieurement pour avoir osé prononcer des paroles qu’il pourrait utiliser contre elle. Pourquoi avoir dit ça? Parce que quelque part, ça la vexait qu’il n’essaie pas de poser ses mains sur elle? Parce qu’intérieurement, inconsciemment, elle avait envie qu’il ne puisse plus contenir son désir et qu’il la touche? Non…enfin si peut-être, elle brûlait au simple contact de cet homme, elle bouillait de fureur et de désir lorsque son regard croisait le sien…et pourtant, elle aurait voulu que ce soit lui le plus faible, que ce soit lui, qui ait autant de mal à lutter contre la tornade de passion qui lui faisait tourner la tête. Elle voulait l’accuser et le voir flancher pour ensuite pouvoir l’accuser d’avoir abuser d’elle-même si elle se languissait pour une caresse. Il avait posé ses mains sur ses hanches en se redressant, se collant un peu plus près d’elle. Elle ne disait rien, elle ne savait que dire, elle était trop occupée à observer son regard moqueur et cruel. Oui, il y avait cela, mais quelque part derrière ses perles opaques, elle était certaine qu’il y avait des émotions qu’il cachait lui aussi, c’était forcé, elle ne pouvait pas être la seule à être détruite par des souvenirs douloureux. Elle gardait le silence, mais ce poison se rependait dans ses veines et menaçait d’avoir raison d’elle à tout moment. Elle se sentait défaillir, comme si cette muraille de force et d’indifférence craquait à chaque contact qu’elle avait avec cet homme.

Shin : Je comptais bien que tu me haïsses

Kaede : Menteur … personne n’a envie d’être détesté.

Elle l’observait de ses yeux si sombres, comme si elle cherchait elle aussi de percer à jour cet homme. Non, il ne pouvait pas réellement vouloir être détesté, personne ne souhait cela, inconsciemment, même si on disait le contraire, on voulait tous être accepté. On avait tous une petite partie de nous qui demandait à être aimée ainsi, sans modification, sans conditions…on voulait toujours être trouvé et accepté. Oui, elle aussi, elle vivait dans un monde sombre, elle aussi elle vivait seule par choix, parce qu’elle avait trop peur de s’attacher…Pourquoi est-ce qu’elle n’arrivait pas à le croire quand il était cruel et froid, quand il jouait avec elle…Parce que ça lui ferait trop mal, d’admettre qu’il ne voyait en elle rien de plus qu’un jouet, elle avait besoin de croire qu’il avait prit conscience de son existence, de sa réalité, qu’il savait qu’elle était là, qu’il l’avait remarqué et que pour cette raison, il la voulait…pas uniquement pour son corps…Il serait déçu. Mais elle avait tord, elle le savait. Il était simplement cruel et mesquin, il était tout ce qu’elle faisait semblait d’être, il jouait, il se moquait mais lui, ce n’était pas une façade, ou alors, elle était solide et très crédible, cette façade. Doucement, sa main glissa sur la joue du jeune homme, pourquoi elle avait besoin de réconfort à cet instant précis, et pourquoi de la part d’un démon ? Mystère. Ses doigts froids caressaient cette peau d’un air absent, ils suivaient les lèvres et la courbe de la mâchoire du garçon alors qu’elle approchait dangereusement, les yeux mi-clos. Elle en avait envie, elle voulait se perdre dans un baisé et ne plus jamais ouvrir les yeux, elle voulait mourir là, contre ses lèvres, et tout oublier, oublier qu’elle souffrait, oublier que sa vie était vide, oublier que son monde était sombre… tout oublier. Mais au dernier moment, sa fierté, son égo resurgit et elle se recula doucement d’un air navré et désolé.

Kaede : … arrêtée après une fusillade qui causa la mort de son petit ami … Tu es vraiment désespéré au point de perdre un peu de temps avec moi … tes goûts sont bien bas…

Elle le testait? Oui, elle voulait savoir, elle devait savoir, si après cela il voudrait toujours d’elle. Elle continuait de caresser sa mâchoire d’un air absent, comme si elle le mettait au défi de faire quelque chose, de l’embrasser pourquoi pas? Elle en mourait d’envie, elle voulait gouter à ses lèvres et perdre la tête, elle voulait sentir son cœur prêt à exploser et sentir la douleur du désir lui bloquer la respiration… elle voulait plus que tout se sentir vivant une fois de plus…Mais elle se sentait tellement coupable qu’elle n’osait pas faire le premier pas. C’était mal de ressentir de telles choses, mal d’être ainsi, mal de ne pas arriver à se lever, d’être vidée de ses forces, d’être faible…d’être vulnérable devant lui…Alors elle continuait à caresser son visage, ne disait rien, mais son regard accroché au sien le mettait bien au défi de faire le moindre geste…

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