un mauvais moment à passer [terminé]

Kiyosuke était très content de voir que son petit don de friandise avait marché. En effet, le nippon n’aurait pas aimé qu’il refuse même s’il en avait totalement le droit. Enfin là n’était pas la question. Takeo avait bel et bien le moral dans les chaussettes comme sa sublime expression le définissait si bien. Bien sûr il était plus que curieux de savoir ce qu’il n’allait pas. C’était dans sa nature d’être comme ça et de s’intéresser aux autres. Cependant, il ne fréquentait pas assez le nippon pour se permettre une question de ce genre. C’est vrai qu’il le connaissait, étant donné qu’ils étaient tous les deux venus ici pour la même raison. Mais c’était sans plus… en y pensant un peu plus, Kiyo’ aimerait beaucoup plus en connaître sur lui. Le peu qu’il en connaissait lui donnait une bonne image. En même temps, chez Kiyosuke même le pire des tyrans aurait une pointe de gentillesse en lui. Un peu naïf ?! Oui, mais bon c’est comme ça qu’on l’aime. Il reposa ses yeux sur sa petite boite cartonnée puis repiqua ses doigts fins dedans afin d’en ressortir un petit bâtonnet sucré. Il s’en délecta de joyeuse appétit. C’est fou ce qu’il aimait la fraise… allez savoir pourquoi.

>> Pourquoi ça ne va pas ?

En fin de compte il n’avait pas pu s’en empêcher. Sa curiosité était bien trop forte pour passer à coté du petit minois légèrement souriant du nippon. Cependant, si Takeo ne voulait pas répondre c’était son droit. Tout le monde n’est pas du genre à étaler ses problèmes face à n’importe qui. Kiyosuke même faisait parti de ce genre de personne. Kiyo’ changea alors de position. A force de rester trop longtemps accroupi sur le sol, on prend mal aux cuisses et c’était son cas. Il s’assit alors banalement en tailleur, son regard malicieux posé sur sa sucrerie. Il aurait pu s’asseoir sur le fauteuil à coté, mais il ne fallait pas chercher.
Il releva alors la tête à la question du jeune Minako. C’est vrai, pourquoi est-ce qu’il était tout seul ? Simplement un hasard des plus purs, comme souvent avec lui. Kiyosuke était quelqu’un d’impulsif qui faisait souvent les trois quart de ses actions sur un coup de tête. Alors se balader tout seul dans l’orphelinat aujourd’hui devait en faire partie. Il haussa alors les épaules.

>> J’en sais rien du tout moi même !! Pourtant c’est pas marrant du tout d’être tout seul… à vrai dire je commençais un peu à m’ennuyer, c’est pour ça que je suis venu ici. Et par chance je t’ai trouvé !!

Il passa un regard sur la salle de jeux. Dans un sens c’était sans doute mieux qu’il soit tombé sur Takeo, parce que jouer tout seul même avec quelque chose d’électronique, comme le flipper par exemple, ça finissait toujours pas être un peu lassant à la longue. Kiyosuke termina alors son bâtonnet rose en silence, un peu déçue de se dire qu’il avait totalement fini sa boite colorée. Il reposa son attention sur le jeune homme, esquissant un nouveau sourire.

Kiyosuke ne s’était pas attendu à si long discours. Apparemment le jeune homme en avait lourd sur le cœur. Cependant, le nippon l’écouta avec toute son attention. Il prit note de ses moindres paroles, les moindres mots car dans ces moments là il savait que tout était important. Au plus loin qu’il s’en souvienne, Kiyo’ n’a jamais eut le courage de se lâcher comme ça. Même lors de la mort de ses parents, le nippon avait pleurer mais en silence. Etrange. Il ne devait pas être normal sur ce coup. Bref, il semblait qu’il y avait eut un problème avec Hiroto. Kanata Hiroto ? Il le connaissait, en tout cas de vue car dans son souvenir il ne lui a jamais réellement parlé. Takeo et Hiroto étaient souvent fourrés ensemble. Ce duo lui faisait penser à lui et Aki. Les quatre garçons se ressemblent en apparences, même si les caractères de chacun étaient différents. C’est alors qu’il posa une question. La fameuse question si on pouvait dire comme ça. Est-ce que ça lui était déjà arrivé de se sentir inutile face aux crises d’Aki ? Oui. La réponse était sans aucun doute positive. Après tout Kiyo’ n’était pas un sur-homme. Bien évidemment que ça lui arrivait d’être complètement désarmé face à son meilleur ami, et ça lui faisait mal de se sentir comme ça. Voir quelqu’un souffrir devant ses propres yeux et ne pas être capable de calmer sa douleur était quelque chose d’insupportable, et ce autant pour lui que pour tout être humain qui possède un cœur. Avec le temps, le jeune nippon avait apprit certaines « tactiques » pour calmer les violences de son ami, mais il fallait bien avouer que lorsqu’elles se trouvaient être trop puissantes, il ne pouvait faire qu’attendre et être là lorsqu’il se reprendra.

>> Ce n’est qu’une impression tu sais. Hiroto sait parfaitement que tu es là pour lui, même si tu n’arrives pas forcément toujours à le calmer… tu n’es pas inutile. Tu étais présent et tu as essayé, c’est le principal.

Il s’arrêta dans ses paroles. Puis il baissa les yeux, trouvant un intérêt tout particulier à sa boite de Pocky vide. Sa voix qui était si claire, avait un peu baissé dans le ton. Puis il reprit parole.

>> Moi aussi parfois je me sens inutile face à Aki. Le fait de ne pas pouvoir le calmer est quelque chose d’horrible… et de terriblement douloureux. Mais je fais tout pour qu’il se rende compte que je suis là pour lui, et que même si telle ou telle fois sa crise a été plus violente qu’une autre je serais toujours présent pour lui. Je pense que c’est le plus important… même si, cette sensation de n’avoir servi à rien sur ce coup est toujours là.

Il releva ses prunelles enfantines sur le jeune homme. Au fond, lui aussi avait parlé n’est-ce pas ? C’était rare. Voir quasiment impossible, surtout de parler d’Aki à quelqu’un d’autre. Mais, Takeo l’avait bien fait… il le prenait donc pour quelqu’un de confiance. Le jeune homme s’excusa alors.

>> Non pas du tout. Je suis ouvert à n’importe quelle discussion ^^

Il lui fit un doux sourire. Kiyosuke était une bonne personne pour ça, et Takeo avait sans aucun doute fait le bon choix de lui parler à lui plutôt qu’à quelqu’un d’autre. Le jeune homme prenait tout en compte, et faisait de son mieux pour écouter. Selon lui, c’était une chose très important d’être là pour les autres… car à un moment ou à un autre, ça serait lui qui aurait besoin d’oreille à son écoute.
Bref, lorsque le nippon lui dit qu’ils irait en racheter son visage s’illumina. Il esquissa un grand sourire. Rien de telle que les sucreries pour lui remonter un peu le moral. Il lui demanda ensuite si la vanille était bonne. Kiyo’ avait du à peu près tous les goûter, sauf celles au caramel car il n’aimait pas ça.

>> Ca serait avec plaisir !! … et ceux à la vanille sont très bons aussi ^^

S’était-il lâché en disant tout cela à Takeo ? Peut-être. En tout cas une sorte de sentiment de soulagement était en lui maintenant. Il n’avait pas dit grand chose pourtant. Il n’avait pas parler énormément sur tout ce qu’il avait actuellement en tête, mais le fait qu’il trouve une oreille attentive à sa petite diction lui fit plaisir. Il savait maintenant qu’il pouvait compter sur le nippon, tout comme lui pouvait compter sur lui maintenant – même s’il ne le savait pas forcément -. Kiyosuke était un jeune homme très naïf et maladroit. Ca il ne pouvait pas dire le contraire… et à parfois être trop gentil avec les gens, il avait tendance à s’en prendre plein à la figure en guise de remerciement. Cependant, il savait ou du moins il pensait, qu’avec le nippon ça ne serait pas comme ça et il en était content. Il esquissa un petit sourire à sa réplique. « On est un peu pareil finalement » Oui, on pouvait prendre ça comme ça en effet. Ils vivaient actuellement deux situations différentes avec des amis respectifs différents, mais ils avaient tout les deux ce même sentiment de vouloir aider cet ami et de lui donner tout ce qu’ils pouvaient. Kiyo’ était heureux d’avoir pu faire la connaissance d’une personne qui avait les mêmes convictions que lui… c’était plaisant, de se dire qu’il n’était pas le seul à se battre pour une amitié durable.

>> Oui sans doute… en tout cas, si jamais un jour tu as un nouveau un coup de blues tu sais que je suis là ^^

Il esquissa un petit sourire en penchant un peu la tête sur le coté droit. Il lui avait dit ce qu’il pensait le plus, et ce qui était le plus vrai. Il savait que pour le moment sa relation avec Takeo était loin d’être aussi forte que celle qu’il entretenait avec Aki. Mais au fond, il n’avait envie que d’une seule chose pour le moment c’était de faire plus ample connaissance avec le jeune orphelin.

C’est alors qu’ils parlaient de sucrerie. Un sujet qu’il aimait tant. Au plus loin que pouvait remonter sa mémoire d’enfant, Kiyosuke avait toujours été un enfant friand des gourmandises sucrées. Certaines personnes perdent cette pensée en grandissant, mais s’il y avait bien quelque chose qu’il ne pouvait changer c’était bien sa gourmandise envers ces petits délices sucrés. Takeo lui proposa d’aller en chercher, ce qui illumina son visage d’un joli sourire. Lui qui regardait il y avait à peine quelques secondes sa boite vide d’un air dépité. Il était content rien qu’à l’idée de pouvoir remettre une petite pièce dans le distributeur et d’ouvrir le paquet pour sentir la bonne odeur du parfum qui choisirait en sortir. D’ailleurs, quel parfum allait-il prendre ? Peut-être bien chocolat… mais il voudrait mieux qu’il ne croise pas Aki avait de l’avoir terminé, auquel cas son pauvre petit emballage serait finit en quelques mouvements.

>> N’importe ! Je te suis quand tu veux ^^

Il n’était pas compliqué. Tant qu’il savait qu’il resterait encore un peu avec lui, dans l’un ou l’autre des cas, et qu’il aurait son paquet de Pocky à la fin ça lui allait parfaitement.