So ? I love games ! |Riiko|

22h00 Couloirs...Pas sûr d'être seul...

'Chier jdois faire quoi moi maintenant, où elle est cette satané porte !!

11h50 Salle d'Informatique. Seul pour l'instant.

Yeah ! Chope ça toi !!

Des pas légers et espacés, des pas tranquilles et déterminés se traçaient dans la pénombre du couloir qui longeait les salles scolaires de l’institut dans laquelle Riiko s'était aventuré un bon millier de fois depuis le début de son internement qui semblait sans fin à présent. L'ennui morbide qui régnait autour d'elle la faisait criser mais à un point... C'était des genres de petites crises passagères par-ci par la, ou les idées dans lesquelles le soleil présent se transforme en cheval noir, venu d'on ne sait où, pour faire on ne sait quoi, mais tout, à part quelques petits rayons de soleil... Alala... C'est qu'elle y réfléchissait beaucoup à cet abruti encapuchonné qui venait hanter ses rêves éveillés... C'était de simples et énooormes hallucination, seulement voilà, ça brisait le quotidien et ça la rendait un peu plus heureuse, affolée et paniquée, mais contente de ce changement de routine, franchement.

Bref, ses petits pas légers donc, résonnaient doucement, ils étaient tout autant déterminés que certains de la direction à prendre. Bon, okay, elle restait en bordure du muret longeait le couloir ainsi, mais c'était p'tre' mieux que de se faire prendre... Enfin, je dis ça moi, j'en sais rien. Bon, bah... Aller, encore des p'tits tours à n'en plus finir autour de ces couloirs noirs et malsains, dans une sorte de pénombres assez chiante parfois... Bah oui, buter sur des foutues choses là au sol, parait qu'ça devient un peu lourd à force... Meuh bon ^^' Quelle chochotte celle la xD trop teigneuse d'ailleurs.. M'enfin, faut dire que c'est mieux qu'elle passe ses nerfs sur objets insignifiants qu'y'en ont absolument rien à péter que sur des pensionnaires internes qui pourraient soit lui décoller un pain, soit partir en pleurant pour aller voir je ne sais qui ... Ouais, les branches d'arbres, c'est mieux... Bon.. Bref ? Riiko leva la tête, plusieurs rayons du soleil faisaient leurs apparitions entres les doubles vitrages des fenêtres. Riiko soupira se leva, bah ouep' rhââ le bol de rester le cul sur le sol, ça fait mal. Elle décida de sortir de ce couloir sans fin et rentra dans une salle au hasard. Elle mit ses mains sur ses bras et elle fit des gestes de va-et-vient dessus, elle les frottait en bref pour avoir chauds, ce qui ne marchait pas à vrai dire, mais bon autant mieux essayer un truc quoi xD ! Car vêtu d’un débardeur et un jean, ainsi de longue bottes noires recouvrant son jean rentré à l’intérieur, ça ne tenait pas chaud.

** Zut, j'ai froid moi !!! **

- Ano …

Une voix douce et timide s'était échapper de sa gorge, et non une voix agressive qui était le son de sa voix naturelle, elle posa son regard sur l’écran devant lequel le jeune homme qu’elle venait de voir était limite collé. Il allait se bousiller les yeux s’il continuait o_0 Elle le regarda avec timidité, allez Riiko prend ton courage. Elle tourna soudain la tête et commença à faire demi-tour, mais elle vira soudainement pour s’asseoir dans un pouff sans rien dire. Il est bien présent le courage -__-

Ano ? Je ne vois pas ce que je pourrais répondre à ton "Ano"...

Je suis désolé...Je suis plutôt mal à l'aise devant les gens.

Franchement sa réflexion, il aurait pu la garder pour lui quoi. Non seulement, elle avait été dite grossièrement et sans scrupule tel un serpent déferlant son venin en un crachat acide et sans repentir. Cela avait prit qu’une seconde, ou peut-être deux pas plus … Deux secondes pour permettre à Riiko de saisir les propos implicites du jeune homme. C’était une façon classe et spontanée de lui faire comprendre le fond de sa pensée ? Une sorte de pensée du genre « Tu me les casse & Barre toi de là ». Son visage suffisamment exsangue pour la normal blêmit encore plus que coutume. Elle déglutit avec difficulté les yeux rivés au sol. Une sueur froide lui apparut soudainement, puis des spasmes convulsifs la saisirent. C’est en se recroquevillant sur elle-même qu’elle essaya tant bien que mal de les contrôler. Une de ses nombreuses crises d’angoisse venait se déclencher sans aucun raison apparente, mais là n’était pas la question, car même il on la tournait dans toutes ses facettes, le résultat serait le même : Riiko était paniqué face au jeune homme. C’est tout en tremblant qu’elle posa sa tête sur ses genoux, fermant les yeux pour tenter de se calmer. Les lèvres trépidants, elle ne le regardait nul aucun cas dans les yeux, elle ne voulait pas susciter une certaine forme de pitié ou un certain sentiment s’en rapprochant fort. Elle avait toujours eu l’habitude de tout affronter seule, ce n’était as aujourd’hui que cela changerait.

- Je.. je .. je suis stupide, je le sais déjà …

Cela n’était pas réciproquement une réponse qu’elle avait adressé au jeune homme, mais disons que dans ses nombreuses convulsions, elle avait réussi malgré cette boule qui c’était formé au creux de son ventre, à prononcer cette phrase dans un semi-chuchotement. Tel un poids sur sa conscience, elle n’était plus aussi réactive qu’elle l’avait prétendu l’être autrefois. Il fût un temps où si ce jeune homme lui aurait ce qu’il venait de lui dire, elle lui aurait balancé en pleine face « Tais toi donc & la Terre s’en portera bien mieux ». Mais ce temps fût révolu et Riiko est devenu une jeune femme frêle et qui en plus de ça encaisse toutes les méchancetés gratuites sans réagir. Telle une carapace de tortue subissant les tortures de petits enfants sadiques. Elle pourrait se faire frapper, elle ne crierait pas, telle une coquille dépourvue de vie. Elle était lasse de vivre, mais n’était pas autant suicidaire. Elle ne voulait pas provoquer sa mort, mais attendre qu’elle vienne … Puis la voix du jeune homme l’extirpa de ses songes les plus noirs, alors qu’elle continuait de trembler, elle avait chaud, très chaud même. Mettant ses mains sur ses bras, humide de sueur, elle posa son regard sur le jeune homme alors qu’il s’excusait. Après tout, elle ne lui en voulait pas … Elle avait juste encaissé ses paroles blessantes, ni plus, ni moins …

- Pas grave …

Dit-elle d'une voix faible et infime. Après tout, que pouvait-elle dire d’autre ? Rien qui vaille la peine de tergiverser sur les faits antérieurs. Ce n’était que du passé, et puis il venait de s’excuser, donc affaire classée. Elle remit sa tête sur ses bras, respirant avec difficulté. Puis elle reposa son regard sur le jeune homme, le regardant discrètement, drôle de spécimen …

T..'as froid .... ?

En une fraction de seconde aussi infime soit-elle, laissant à peine le temps à Riiko de respirer son ultime bouffée d’air, précédant sa culbutassions dans la crise d’angoisse. Un pincement au cœur dans l’unique but de faire ressortir encore plus sa suffocation, comme l’annonce de l’approfondissement de son trou béant qui s’était niché en dessous de sa poitrine, se creusant davantage de jour en jour. Puis la réflexion se mit en place, une analyse pertinente qui lui confirmait en toute franchise une réalité plausible. Si sa vie continuait encore ainsi, sans qu’elle ne puisse vaincre ses peurs et ses aversions, jamais elle ne sortirait de cet hôpital. Jamais, elle ne reverrait la lumière du jour. Mais sortir, pour ensuite ? Elle avait tout perdu ce fameux soir, elle n’avait plus rien à quoi se raccrocher, plus rien pour qu’elle puisse supporter ce poids qui pesait lourd sur ses épaules. Elle n’avait plus de raison de vivre, plus aucune personne à qui se raccrocher et laisser libre court à ses expressions. Elle était seule, bel et bien seule. Ce fameux soir, il faisait si noir. Des éclairs, des bruits, des cris, du sang … Il coulait à flot, un sourire, une langue lapant ce breuvage damné. Puis le choc, plus rien … Juste un brouillard épais dans lequel Riiko avait subit la plus humiliantes des nombreuses déchéances que peut subir une femme. Elle n’avait que dix ans …

- Ca ira …

La sortant de sa torpeur, le jeune homme venait de lui demander si elle avait froid. Prenant ça pour une manière discrète de lui proposer de quoi se réchauffer, Riiko déclina avec autant de répartie dont il avait usé, pour lui épargner le malheur de l’approcher. Elle n’était pas niaise, elle avait bien compris qu’il était dans un stress tapageur. Elle n’en connaissait pas la raison, mais il ne lui était pas difficile de le percevoir dans sa manière d’agir. Elle avait un peu l’impression de se voir en lui, le regard fuyant, une gêne persistante et les vœux d’être le plus loin possible. Elle aurait pu se lever et partir loin de cette salle et jeune homme en circonstance, mais elle avait comme des boulets qui lui enchaînait les jambes, l’empêchant de se lever ou d’exécuter un quelconque pas aussi facile soit-il. Les yeux affermis sur le sol, c’était la seule chose qu’elle pouvait regarder sans se sentir trop stupide. Le silence qui pesait ne la gênait pas plus que ça, et elle ne se sentait pas mal à l’aise ou quoi que ce soit.

- Riiko Ishita …

Sans qu’elle ne puisse contrôler sa phrase qui fusa malgré son agrément de sa bouche. Mais il état trop tard pour reculer, elle le savait et en était consciente. Mais elle ne put s’empêcher de vouloir revenir en arrière, renfoncer ces mots dans sa gorge, et se faire toute petite. Elle avait tendance à certes se rabaisser sans cesse, mais elle ne voulait vraiment pas l’embêter dans ses occupations. D’ailleurs, depuis son arrivée, il avait stoppé ses jeux. Elle n’eut pas le temps de voir à quoi est-ce qu’il jouait, mais elle savait que depuis qu’elle était là, il se tenait le plus loin possible de la pièce, comme si elle était porteuse de la peste. Elle ne pouvait pas lui en vouloir étant donné que c’est ce qu’elle faisait aussi. Peut-être avait-il donc peur de quelque chose lui aussi … ? D’elle ? Elle ne voyait que ça, car depuis qu’elle était là, il n’était plus pareil. Comme gêné de laisser paraître ses émotions en sa présence. Lorsqu’elle avait posé son regard sur lui, il avait paru assez expressif et émotif. Mais depuis qu’il avait remarqué sa présence en ces lieux, il était méconnaissable. Fuyant, courant à toutes jambes telles un enfant ayant peur d’un chien. Dans ce genre de cas, que fuyons-nous donc ? Une menace, oui mais … Riiko ne pouvait s’imaginer que le jeune homme pouvait la voir comme une menace. Comme elle, Riiko Ishita, pouvait-être à ses yeux, une menace ? Elle qui est si frêle, et inoffensive, tellement qu’elle ne serait même pas capable de se défendre elle-même. Mais peut-être faisait-elle son cas une généralité, non ? Ce n’était pas que d’elle, dont il avait peur, mais de toutes les femmes. Pourquoi … ? C’était la première fois en plusieurs années, qu’elle rencontrait quelqu’un qui avait une peur ou une répulsion pour son sexe opposé. Une histoire tragique ? Elle était curieuse, mais se tairait … S’il lui ferait assez confiance dans l’avenir, elle le saura tôt ou tard.

Aikawa...Renge

T'es ici...po...pour ?

Ces mots qui avaient fusé de sa bouche sans qu’elle ne le veuille. Ces mots qui en un temps infime avait franchi le seuil de ses lèvres vermeilles tel un chuintement qui perfusait l’air. Elle avait abandonné ses mots d’une voix délicate, sans faire un grand effort pour qu’il comprenne, elle était effrayée et cela se ressentait à sa manière de parler. Les yeux sur ses pieds, elle se tortillait nerveusement les mains. Posant son regard sur celles-ci, elles étaient pâles et fines. De longs doigts fins tel ceux d’un pianiste. Elle avait de belles mains, mais avec le temps, elle devenait un peu plus maigre que jamais. Ayant à peine la peau sur les os, elle entrevoyait ses vaisseaux sanguins sous cette dérisoire parcelle de peau blanche. Alors que la voix du jeune homme résonna doucement en une réverbération répétitive dans la pièce, Riiko leva la tête tout en l’observant minutieusement sans pour autant être trop insistante. Lui aussi il l’intriguait, elle ne ressentait rien. Pas de mépris, pas d’amertume …rien juste le néant. Elle ne savait que penser de lui, si mystérieux.

- Hmm … !

C’est avec une voix craintive mais toujours aussi faible qu’elle se rétracta encore plus sur elle-même. La tête entre ses jambes, ses bras recouvrant sa tête, elle respirait doucement, tentant de calmer les battements prompts de son cœur. Décidément, ce mec avait le don de la mettre vraiment dans l’angoisse. Sa parole qu’il voulait dire la mettait dans une peur insondable. Sa voix, son regard, sa silhouette, tout en lui lui inspirait la peur et l’angoisse. L’envie de s’enfuir était présente, mais avec sa crise et son sentiment d’être enchaîné ici, elle ne pouvait pas aller bien loin. En positivant ? Elle aurait pu, aller … faire un, deux, trois pas puis s’effondrer au sol sous ce malaise qui lui oppressait le cœur dans une pression suffocante. Puis ses angoisses furent remplacées par une vague de souvenirs obscurs. Sa question raviva une douleur enfouit dans son trou béant. C’était comme si on lui avait jeté un zeste de sel pour enflammer à nouveau sa blessure qui n’avait pas encore cicatriser. Puis elle fit à nouveau prise de tremblement, mais cette fois-ci accompagné par des hallucinations démentes. Des images, des bruits, ces rires, ces visages … Son humiliation. Sans même lui répondre, elle se mit à secouer la tête de droite à gauche négativement avec une frénésie nerveuse. Puis une vague de sueur lui revint, elle mit sa tête entre ses bras comme pour se protéger d’une menace invisible qui la tourmentait.

- Je veux pas … je veux pas … je veux pas …

Se répétait-elle d’une voix anxieuse et inaudible. Elle n’était pas encore prête pour parler de son secret, elle ne voulait pas encore revivre cette nuit d’épouvante où elle avait tout perdue. Ses parents, sa maison, sa vie … et surtout sa dignité.

Hmm...?

Riiko n’avait pas pensé que le jeune homme voulait tout simplement en savoir plus sur elle, pour combler l’intrigue qu’il lui portait. La première chose à laquelle elle voulait contribuer était sa protection, son auto-défense. C’était la seule manière pour elle de se protéger et ne pas souffrir … pour cela, elle se renfermait de plus en plus dans sa bulle close et hermétique. Rejetant tout contact ou communication avec le monde extérieur. Elle n’était pas encore prête à accueillir quelqu’un dans son habitacle. Elle avait encore trop peur, trop d’appréhension pour se confier. C’est dans un mouvement de tête frénétique qu’elle avait refusé un quelconque échange avec le jeune homme, qui avait sûrement pris son courage à deux mains pour lui adresser la parole. Son intention première avait été de se protéger comme il l’avait fait quelques minutes auparavant. Mais jamais elle n’avait voulu l’offusquer d’une quelconque manière. Non, qu’il ne se méprenne pas, elle ne lui avait pas enfoncé un pieux aux confins de son cœur. C’est en reprenant un tant soi peu son pondéré, elle ne voulait pas qu’il s’énerve encore. Elle ne voulait pas encore endurer sa froideur glaciale. Une fois lui avait amplement suffit. Lui rappelant à quel point, elle était faible et insignifiante. Elle releva son doux encadré par un paquet volumineux de cils, enjolivant ses yeux. Une lueur de doléance dans les yeux, elle se mordit la lèvre inférieure dans un geste anodin. Elle soupira doucement, la respiration autrefois saccadant laissa place à une sérénité stable. A présent calmé de ses émotions, Riiko reposa son regard sur le jeune homme, puis le détourna rapidement pour regarder.. ses pieds. Wai .. le seul truc qu’elle pouvait regarder sans que son cerveau matérialise en gros dans son esprit Baka.

Puis un grand bruit fit sursauter la jeune femme, lui hérissant les poils sur son corps. Le cœur battant à la chamade, elle avait eut une de ses frousses. Voyant que l’ordi était resté allumé pendant un bon moment, ce dernier faisait un énorme bruit de son surplus d’activité consommé. Riiko avait perdu la notion de temps face au jeune homme, depuis combien de temps était-elle assise face à lui sans rien dire ? Elle en savait rien, ne comptait même plus les secondes, les minutes qui s’écoulaient tel un sable qui s’écoule d’un sablier à faible quantité, en un temps infiniment long. Etrangement, chaque individu posant son regard sur elle la comparait souvent à une poupée de porcelaine. Belle, pâle … Mais extrêmement fragile, un geste brusque soit-il, pouvait la briser si facilement. Telle une pichenette balayant une feuille la faisait tournoyer dans les brises violentes du vent. Alors qu’elle commençait réellement à avoir froid, elle plaça ses mains sur ses bras pour les frictionner avec frénésie. Puis soudain … C’était comme si ses yeux se rouvrirent sur un nouveau monde. Les rêves, les cauchemars, elle n’avait plus aussi peur de les revivre.

- Mes parents furent assassinés sous mes yeux … et .. je .. ils m’ont humilié.

Elle ne voulait pas voir l’expression qui allait apparaître sur le visage du jeune homme. Mais après tout, elle ne le méprisait pas non. Elle avait juste peur de son jugement, oui, son jugement … Puis elle posa son regard brun sur le jeune homme sans rien ajouter. Elle avait tout dit. Elle ne lui demanda pas la raison de sa présence de cet hôpital, s’il voulait lui dire, il lui dirait en temps et en heure.

« Ma mère...est devenue folle elle...elle m'a rendu craintif et...j'ai... »

« ...peur des femmes...»

Hésitation … un mot qui non seulement était suffocant d’instabilité, mais qui n’était que la vérité qui se reflétait au fond des prunelles de Riiko. Parfois, elle aurait tant voulu être lâche et s’aller au désespoir pour apaiser ses souffrances morales. Juste un peu … avoir la lâcheté d’être lasse de la vie. Juste un peu, un tant soi peu de relâchement lui ferrait du bien. Parfois, elle aurait voulu suivre ce mini-texte de Robert Frost qui stipulait :

Fire and Ice
Some say the world will end in fire
Some say in ice
From what I’ve tasted of desire
I hold with those who favor fire
But if it had to perish twice
I think I know enough of hate
To say that for destruction ice
Is also great
And would suffice

Robert Frost

Juste suffisant pour se dire que la vie est un jeu dans lequel on est tous perdants. Les dés roulent, roulent et peuvent s’arrêter à n’importe quel moment. C’est dans ce genre de jeu où les dés ne possèdent que deux faces au lieu de six. Alors que vous vivez une vie joyeuse ou au contraire terne, les dés peuvent s’arrêter subitement laissant tomber le châtiment. Il est clair que Riiko était encore loin de tout cela, elle était consciente qu’il existait des personnes qui tentaient de toute leur force, par tous les moyens d’arrêter le roulement des dés. Elle n’était pas devenue aussi cinglée pour vouloir cesser de vivre, mais, quelques pensées à vouloir tout abandonner n’étaient pas enfouies dans l’arbre du fruit interdit du jardin d’Eden.

Après tout, elle n’avait pas été claire dans ses explications. Non qu’elle était gourde, mais elle avait volontairement laissé planer le doute et l’interrogation. Elle venait en partie de révéler son secret. Pourquoi à lui ? Pourquoi Renge Aikawa, jeune homme dont elle venait faire la connaissance depuis plus de dix minutes ? Peut-être parce que malgré ses phrases froides, elle savait qu’il n’était pas différent d’elle. Qu’il y’avait un truc en commun, elle ne saurait l’expliquer, mais elle l’avait en pressentiment. Comme si elle pouvait lui dire tout ce qu’elle avait conservé dans son cœur meurtri. Peut-être en lui disant tout, elle pourrait ainsi reboucher son trou béant de terre et enterrer ainsi par la même occasion tous ses soucis. Chaque jour, un nouveau boulet venait s’enchaîner à la longue chaîne qui était ancré en son cœur. Etait-il enfin temps de se délivrer de sa lourdeur du cœur ?

- Je suis désolé …

Elle n’avait aucune raison de s’excuser. Au nom de qui d’ailleurs ? D’elle-même, alors qu’elle n’y était pour rien dans son malheur ? Au nom de la mère du jeune homme qui était du même sexe qu’elle ? Elle en savait rien, mais elle le pensait vraiment chose qui était incontestable. Elle se mordit les lèvres, cherchant ses mots. Elle ne voulait pas lâcher une idiotie à tord et à travers. Mais elle voulait tellement, le sortir de sa peur … Cela pourrait paraître étrange, pourquoi essaye-t-elle de l’aider alors qu’elle-même est dans le même état ? Disons qu’en sachant ce qu’il vivait, elle voulait au moins une fois dans sa vie, être source de sourire chez quelqu’un.

- Moi aussi … j’ai peur des hommes, ils me terrifient. Ils ne valent pas qu’on s’intéresse à eux …aucun scrupule, aucun regret, ils sont la lie de l’humanité …

Désolée ? Je ne vois pas pourquoi, tu n'y es pour rien après tout !

Effectivement, elle n’y était pour rien. Mais pour elle, cela était une manière de s’excuser de lui faire peur, d’être un cauchemar pour lui, de lui faire vivre ce cauchemar. Toute les raisons était bonne, sa présence, le fait d’être une femme, sa mère au jeune homme, la peur qu’il engendrait chez lui. Toutes les raisons les plus poussées étaient en vigueur pour expliquer le pourquoi de ses excuses.

Un seul regard portant sur le jeune homme permit à Riiko de comprendre que ce dernier était plus que triste. Affligé, Accablé sont tous synonymes entre eux, mais bon à employer pour décrire le sentiment que dégageait ce jeune homme aux yeux de Riiko. Son sourire s’effaça quelque peu pour laisser parole plus qu’a son regard. C’est avec un sourire sans émotion quelconque qu’elle le regardait. Observant le jeune homme assit à une distance assez élevée d’elle. Une chose était vraisemblablement clair, ils se faisaient peur mutuellement, mais pourtant aucuns d’eux n’avaient fuis l’autre. Posant son regard doux sur le jeune homme, elle vint s’asseoir à ses côtés sans rien dire, laissant tout de même un certain espace entre eux. Il était comme un Pierrot pleurant sous la pâle Lune du soir, ou encore un ange déchue chantant ses lamentations sous l’arbre des Eden. Toutes ses images étaient belles, tout comme il dégageait une belle image de la mélancolie en elle-même. Posant son regard vers l’horizon qu’elle voyait par l’entrebâillement de la fenêtre, le soleil s’était levé dans une aurore orangée rosée bleutée. Les premiers rayons du soleil de l’après-midi apparaissaient, il était devait sûrement être 12h30 et la vie ne faisait que commencer.

Juste un souffle proliférant de la vapeur d’eau sortant de sa bouche, il faisait tout de même un peu froid ce matin-là dans cette salle. Elle n’avait rien pris pour se couvrir en plus. Enfonçant ses mains dans les poches elle se tourna doucement vers le jeune homme l’examinant avec une attention toute particulière. Une envie des plus anodines de parler avec lui, de le voir sourire, d’engendrer un semblant de sourire allant au rire. Elle ne le connaissait pas mais elle éprouvait tout de même cette aspiration à lui faire quitter un moment sa mélancolie. Durant ce laps de temps, elle voulait qu’il oublie tous ses soucis et qu’il voyage avec elle dans les nuages. C’était peut-être un peu bizarre, mais elle voulait vraiment voir son visage s’illuminer à chaque instant. C’est en souriant doucement qu’elle l’écoutait parler. Fermant les yeux, ses cils vinrent caresser ses douces joues tandis qu’elle respirait doucement.

- Je n’ai aucune raison, c’est vrai, mais je voulais tout de même le faire. J’ai mes raisons.

Il pouvait prendre ça comme il le souhaitait, mal ou bien était son choix. Mais elle avait juste été honnête, et la franchise ne tue quiconque.

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